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Sortir de l’ère primaire

Mardi 18/10/2011 | Posté par Jan Cyril Salemi

Ça y est, la primaire c’est fini. Les débats ont squatté les antennes, et le MBB a fait ses premiers pas dans le direct politique. Le verdict est tombé, F. Hollande tentera de reconquérir la présidence qui échappe à la gauche depuis vingt-trois ans. Jan Cyril revient ici sur la campagne et son dénouement attendu.

Sans aucune surprise, c’est donc François Hollande qui a été désigné candidat du Parti Socialiste à l’issue de la première primaire ouverte organisée en France. L’élu de Corrèze, et toutes les références chiraquiennes qu’implique cette provenance géographique, a su s’imposer comme le rassembleur en chef, et sa candidature a pris peu à peu des allures de destin incontournable. Longtemps premier secrétaire du PS, François Hollande se rêve en successeur de l’autre François, mythe errant sur la gauche française depuis une bonne trentaine d’années.

Alternance

En France, le système est ainsi fait que tous les cinq ans (tous les sept ans, jusqu’à il y a peu), les électeurs choisissent leur président. La dernière fois que le PS a emporté ce scrutin, c’était en 1988. François Mitterrand, élu en 1981, réélu sept ans plus tard, est l’unique chef d’état de gauche de toute la Ve République. Pourtant le système français a ceci de particulier, que le pouvoir peut se conquérir indépendamment de la présidence de la République. Depuis 1981, avec le jeu des cohabitations, la gauche et la droite se sont ainsi réparties équitablement les commandes, quinze ans chacune.

Mais pour avoir la réelle sensation du pouvoir, mieux vaut avoir un président et un gouvernement de la même couleur. C’est le cas depuis 2002. L’an prochain, cela fera dix ans que la France roule à droite sans s’arrêter. Pour le PS, un nouvel échec à la présidentielle serait certainement fatal.

Au centre, toute

En choisissant François Hollande, la stratégie semble pourtant risquée. Le PS a choisi de viser au centre. La tactique a été testée plusieurs fois, elle n’a guère été concluante. En 2002, Lionel Jospin, qui avait affirmé que son "programme n’était pas socialiste”, n’était même pas au deuxième tour. Et en 2007, Ségolène Royal avait tenté le principe des idées de gauche dans un emballage de droite, ou inversement, mais ça n’avait pas marché non plus.

En revanche, pour Nicolas Sarkozy, son adversaire d’alors, l’alliage avait parfaitement fonctionné. Des slogans ultra-libéraux mêlés à quelques citations de Jaurès l’ont conduit à la victoire. Aujourd’hui, dans une société secouée par la crise, le PS avait l’opportunité de donner un coup de barre à gauche. Il ne l’a pas fait. Martine Aubry, qui a fait aboutir des projets tels que la Couverture Maladie Universelle ou les 35 heures, n’a pas été choisie.

Quant à Arnaud Montebourg, après son discours ravageur du premier tour, il a rejoint, comme un fidèle soldat, les rangs du vainqueur prévu. Tous unis, les membres et les militants du PS, marchent désormais vers la victoire espérée. Ou vers la plus grande des défaites. Qui serait encore pire que celle de 2002. L’avenir le dira.

A Marseille et dans les Bouches-du-Rhône, pour finir, la primaire aura sans doute aussi un impact. Comme ailleurs, les partisans de François Hollande l’ont emporté. Ceux qui l’avaient soutenu s’étaient démarqués de la ligne voulue par la Fédération PS 13, rangée derrière Martine Aubry. Le contexte local, lié à l’affaire Guérini, a pesé sur le scrutin, et après cette victoire nette du camp Hollande, une redistribution des rôles aura certainement lieu bientôt.

La primaire est finie, changement d’air, changement d’ère. Avec cette élection, le Marseille Bondy Blog s’est testé au jeu politique et y a pris goût. Nous aurons bien des occasions de recommencer.


crédit photo : Guillaume Paumier

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Jan Cyril Salemi -


Réactions des internautes

Romuald
Mardi 18 Octobre 2011, 11:50
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En choisissant François Hollande, la stratégie semble pourtant risquée. Le PS a choisi de viser au centre.

Je ne suis pas d'accord avec ce passage :  si l'on en croit ce que martèlent les socialistes, ce sont les électeurs Français (et étrangers) de tous bords qui ont participé à ces Primaires; ce sont donc eux qui ont choisi Hollande.
Difficile dans ce cas de parler de « stratégie », de « choix (délibéré) » du PS.

A moins que, comme l'avance Aubry, les jeux étaient fait d'avance, auquel cas ces Primaires étaient une mascarade ?...


En revanche, je suis d'accord avec les dégâts que provoquent les cohabitations, ou même les différences de couleur politique entre ls diverses instances du Parlement.


Quant à Montebourg, il ne pouvait pas soutenir Aubry, après l'avoir descendue en flèche dans sa non-gestion du dossier Guérini - passé relativement sous silence dans les médias, tout comme les magouilles du PS en Picardie*, par exemple.
Il n'avait donc d'autres options que de soit apporter son vote au social-démocrate Hollande dont il dit ne pas partager le point de vue (démondialisation et social-démocratie ne font pas bon ménage), soit appuyer Aubry qui a couvert les magouilles du PS ici (Marseille) et là (Picardie, Nord).
Et ce, alors que la même Aubry a sanctionné les magouilles de la fédération PS héraultaise (Navarro, pro-Hollande; ceci expliquant cela).

* Cf ici http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Financement-des-partis-comment-le-PS-a-derape
http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Les-droles-de-pratiques-electorales-du-PS
http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Cantonales-coup-de-theatre-a-Guiscard

Je doute qu'énormément de Français(e)s, surtout de Marseille, aient entendu parler de ces magouilles-là...
Certes, sur Marseille, entre l'affaire Sylvie Andrieux, et les affaires Guérini, il y a déjà suffisamment à faire.

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Jan Cyril Salemi
Jeudi 20 Octobre 2011, 01:16
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Re:
Ce que j'ai voulu dire, c'est que c'est bien sûr un vote, mais c'est aussi une stratégie du PS. Entre les deux tours, tous les candidats battus ont rallié Hollande. Peu à peu, la plupart des personnalités du PS l'ont rejoint, et il n'y a aucun doute sur le fait qu'il s'agit aussi d'un choix tactique pour le PS.

Depuis longtemps, le PS préfère pencher vers sa droite. Hollande a été à la tête du parti pendant plus de dix ans. Il a conservé de l'influence et des réseaux bien entretenus qui ont fait le relais. Finalement, l'idée s'est imposée qu'il était "le seul qui pourrait battre Sarkozy".

On a beaucoup insisté sur le fait que les programmes d'Aubry et Hollande était les mêmes. C'était faux. Sur le nucléaire ou sur la culture, par exemple, les positions d'Aubry étaient beaucoup plus nettement ancrées à gauche.

La désigner aurait permis de prendre des voix à Mélenchon ou à Eva Joly. Désigner Hollande permettra d'en prendre à Bayrou ou à Villepin.
Voilà pourquoi je parle d'une vraie stratégie établie par le PS. 

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