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Un million de Mars'iens : Maden

Vendredi 03/09/2010 | Posté par Samir Akacha

C'EST LA RENTREE, comme prévu, le MBB vous propose de nouvelles chroniques. Cette semaine, découvrez "Un million de Mars'iens", une série de portraits de Marseillais rencontrés au hasard des déambulations de Samir.

 En sortant du métro Longchamps, je n'ai qu'une idée en tête : trouver une personne pour ma chronique. Outre l'appréhension d'aborder un total inconnu, il y a la crainte de ne trouver personne qui convienne pour l'illustrer. J'imagine dans ma tête un parcours. Traverser le parc Longchamps, prendre le tramway, descendre au métro Canebière, puis jusqu'au Vieux Port à pied et continuer en direction du J4.

Je déroge au parcours en empruntant la rue de Rome, puis la rue Saint Féréol. Sur le chemin, je croise deux filles en grande discussion. L'une d'elles arbore des tatouages originaux. Une personnalité probablement très rafraichissante, mais j'ai comme l'impression que je vais me faire rembarrer, pris pour un dragueur du dimanche. Je continue ma route. Rue Saint féréol. Un homme se fait subtiliser son sac. Il rattrape deux jeunes, et leur demande de lui remettre ses affaires. Il est rapidement rejoint par deux agents de police. Le sac réapparait, grâce à une vieille femme, témoin de la scène. Ils redescendent ensemble vers la Canebière, elle dans sa Djellaba noire, et lui avec son sac, en discutant de ce qui vient de se passer.

Sur le Vieux Port, en longeant le quai, j'aperçois un couple de chinois. Hum, l'avis de touristes sur la ville me paraît un bon point de départ pour cette première chronique. Pourtant, quelques mètres plus loin, ils traversent la rue, et je n'ai pas le courage de les suivre. Je reste un instant en face du quai, devant la mairie, à observer l'agitation sur l'un des yachts amarrés. Je regarde ma montre, 19h30. Il est temps de rentrer. La rencontre avec un Mars'ien, ce sera pour une autre fois.

Maden le Mars'ien

Sur le chemin du retour, j'aperçois un homme assis sur le quai, les pieds à quelques centimètres de l'eau. Sous sa casquette, il observe le bouchon accroché à sa ligne, balloté au gré des vaguelettes. Voilà mon Mars'ien ! Je commence par lui tourner autour, observant ses gestes. Puis je m'avance, me présente, et lui propose d'être le sujet de ma chronique. D'abord réticent, il me répond qu'il ne va pas tarder, la rupture du jeûne approchant. Mais un sourire se dessine rapidement, et il accepte ma proposition. Je m'assois à ses cotés et déclenche mon microphone.

J'apprends qu'il s'appelle Maden, et qu'il est sur Marseille depuis deux ans. Avant, il était patron de pêche en Algérie durant vingt ans. Mais la situation économique dégradée l'a convaincue de venir s'installer sur l'autre rivage de la Méditerranée. Patiemment, il attend qu'au bout de sa ligne, sars, mulets et saupes viennent faire de ses appats leur dernier dîner.

Maden est au chômage. Malgré quelques petits boulots dans le ménage, il peine à décrocher un emploi fixe. Une formation à l'AFPA ne change pas grand chose. Pourtant, il ne se résout pas à rentrer au pays. Là bas, il a laissé femme et enfants. C'est pour eux qu'il est venu s'échouer ici. Deux ou trois fois par an, selon le budget, il retourne auprès d'eux, le temps de voir combien ils ont grandi. Son ainée a 18 ans, continue d'aller à l'université, tandis que son fils de 16 ans est sur le point de présenter un examen. La petite dernière a 12 ans. Même s'il avoue ne pas connaître l'ambition de ses enfants, on sent dans son regard une tendresse pour eux et une certaine mélancolie d'en être séparé.

Une tendresse qui ne se lit pas dans son regard quand il parle de Marseille. Il déplore la saleté, ainsi que l'absence de la municipalité. « C'est un peu l'anarchie quoi, c'est comme au bled ». Il ponctue son constat d'un rire franc, avant de ranger son matériel et de prendre congé de moi.



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Samir Akacha -


Réactions des internautes

Florian Chevassu
Vendredi 3 Septembre 2010, 12:22
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Vive les Marsiennais !
Je lis ton article. Je regarde par ma fenêtre. Je focalise sur la photo de Maden, oui, celle avec le Vieux-Port derrière lui. Et là je reviens à ma fenêtre. Je suis content d'être à Paris. Mais c'est gris !!

Et ta chronique, Samir, ensoleille ce début d'après-midi. Merci pour le soutien psychologique involontaire à distance à un jurassien marseillais d'adoption échoué quelque part sur les quais de la Seine  :)

C'est frais, Samir ! J'aime.

f l ô

Répondre -

Jimmy
Vendredi 3 Septembre 2010, 13:38
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L'article est vraiment sympa à lire. Impatient de voir la suite et de découvrir plus de Mars'iens. C'est vrai que c'est une planète un peu à part.

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