Devant une vingtaine de personnes, Adrien se lève et se présente. Bac+8, une thèse, et des passions : la photo, la vidéo et le sport. Sur son site, il parle de son déclic :« Finalement, c’est assis derrière mon bureau de thèse en imagerie numérique, en regardant cette colline qui me fait face, que je réalise que mon avenir se trouve derrière cette fenêtre. Il est temps pour moi de vivre cette vie qui m’attire depuis si longtemps »

Il se lance. En cherchant des informations, il entend parler de la bourse défi jeune. Adrien se rapproche du Crij pour monter le dossier, et élargir son réseau. Dans le même temps, il intègre l'Association pour le droit à l'initiative économique. Plusieurs demi-journées par semaine, il apprend ce qu'est un business plan, à monter un dossier présentable, à cadrer son projet, le résumer en une seule phrase aussi. Adrien obtient la bourse Défi Jeune, dont il sera l'un des derniers lauréats. Avec les 3000 euros qu'il obtient, qu'il complète de 6200 euros grâce au Programme Européen Jeunesse en Action (PEJA), il monte sa boite de production, Shams Prod, s'équipe en matériel photo et investit dans un ordinateur. L'aventure peut commencer.

Adrien est féru d'escalade. Lors d'un festival à Chamonix, il croise des copains d'un club. Leur moniteur est avec eux. Ils font connaissance. Cet homme a pour projet de gravir cinq sommets en cinq ans. La boite qui le suit utilise des réflex pour produire des vidéos, ce qui fait tilt quand il entend parler d'Adrien, qui fait de même. Deux mois plus tard, il est rappelé pour filmer des épreuves de sélection. La chance lui sourit encore, ce sera Adrien qui partira filmer les expéditions au Kilimandjaro, au Mont Blanc ou encore en Hymalaya.

Changer de vie n'est pas aisé. Adrien a renoncé à un certain confort, puisqu'il était rémunéré pour sa thèse. Depuis septembre, il est au chômage, et compte le rester. La première année, Adrien n'a pas l'intention de se verser de salaire. Quant à ce qu'en pensent les proches, la maman, après la surprise de la nouvelle, soutient son fils et l'encourage à continuer, voyant à quel point il se démène pour concrétiser ses rêves.

Petit, il regarde en boucle Retour vers le Futur, fasciné par le film, qui nourrira très tôt sa passion pour le cinéma. Sans se prendre pour Spielberg, lui et des copains refont les films, apprennent sur le tas des notions techniques. La photo, la vidéo, tout découle de là. Quelques années plus tard, dans le présent et sans DoLorean, Adrien semble avoir pris un chemin sage, n'en déplaise à Socrate, celui d'utiliser son énergie pour vivre sa passion plutôt que de suivre un chemin tout tracé.