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Quand Adel devient Michaël

Jeudi 12/03/2009 | Posté par Mohamed Zemirli

Un prénom, c’est pour la vie, on n'en change pas. Pourtant Shakhbolat veut s’appeler Jean, Samia se rêve en Stéphanie, Khaled aimerait devenir Adrien. Adel, un jeune Marseillais de 21 ans, a décidé de passer le pas. Désormais, il sera officiellement Michaël. Il explique son choix.

Leur prénom de naissance, ils ne le supportent plus. Quand certains se contentent d’un prénom d’usage, d’autres franchissent le pas et atterrissent au tribunal pour changer officiellement leur état civil. Pourquoi veulent-ils effacer tout un pan de leur vie ? Derrière ce choix, il y a parfois de la discrimination liée à un prénom étranger. C’est aussi pour certains une renaissance, un synonyme d’espoir.

Depuis qu’il est petit, Adel a le sentiment d'être étranger. «Mes parents sont d’origine algérienne mais je suis né en France, j'ai grandi ici, j'ai fait mes études ici, je ne suis jamais allé dans mon pays d'origine. Quand j'ai terminé l'école et que j'ai eu mon diplôme, j'ai dû aller chercher du travail comme tout le monde. J'ai envoyé beaucoup, mais vraiment beaucoup, de lettres de motivation et de CV, personne ne m'a jamais répondu. J'ai essayé de changer de prénom sur le C.V. Mon nom de famille passe bien. J'ai eu enfin quelques réponses. A la fin d’un entretien d'embauche, alors que j’allais être embauché, on m'a demandé de ramener un Relevé d’Identité Bancaire et ma carte d'identité. Quand il ont vu que j'avais menti sur mon prénom, ils m'ont refusé le poste à pourvoir».

A force, Adel en a eu marre. Il avait le sentiment que son prénom ne lui apportait que des ennuis dans sa recherche d’emploi comme dans sa vie de tous les jours.
«Comme j'habitais dans une cité des quartiers nord, je n'arrêtais pas de me faire contrôler par la police. A chaque fois, ils appelaient leurs services pour vérifier si c'était bien une vraie carte d'identité». Nom et prénom d’origine maghrébine semblaient automatiquement signifier le risque d’avoir entre les mains de faux-papiers et, face à eux, un vrai clandestin.

Juge des prénoms
De vexations en incompréhensions, Adel a fini par prendre une décision plutôt radicale : il a entamé une procédure officielle de changement de prénom. En effet, la loi permet de se faire appeler autrement si la demande paraît suffisamment motivée. Selon l’article 60 du code civil : «Toute personne qui justifie d'un intérêt légitime peut demander à changer de prénom. La demande est portée devant le juge aux affaires familiales à la requête de l'intéressé (…). L'adjonction ou la suppression de prénoms peut pareillement être décidée. Si l'enfant est âgé de plus de treize ans, son consentement personnel est requis».

Adel s’est donc lancé dans la procédure… «J'en ai eu marre. Je suis donc parti au tribunal des affaires familiales de Marseille et j'ai demandé un avocat commis d'office. Quelques temps après je suis passé devant le juge et il m'a demandé pourquoi je voulais changer. Je lui ai dit que je me sentais victime de discrimination dans mes recherches d'emploi. Après ça, le juge a accepté. J'ai du aller à la mairie de la ville où je suis né et faire le changement de prénom. Ça a était dur car mes parents ne comprenaient pas ma décision malgré mes explications. Ils me disaient d'être fier de nos origines».

Chaque année plus de 2 600 demandes officielles de changements de prénom sont déposées devant les tribunaux des affaires familiales. La durée totale de la procédure est de 6 mois. Le demandeur doit apporter la preuve que sa demande est légitime. Par exemple, si son prénom est ridicule ou s’il lui porte préjudice dans sa recherche d’emploi. Les ressortissants étrangers peuvent également demander à faire franciser leur prénom au moment de leur naturalisation. Mais, attention, on ne peut changer de prénom juste parce qu’il ne nous plaît pas.

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Mohamed Zemirli -