Attention à la marche !
Vendredi 09/03/2012 | Posté par Ugo Bocchi
Samedi dernier, quelques marcheurs motivés ont quitté Marseille. Leur objectif ? Atteindre Paris avant le premier tour de l'élection présidentielle. Ugo a assisté à leur départ.
Samedi 3 mars, 9 heures du matin. Sur le Vieux-Port, un groupe d’une dizaine de marcheurs est réuni. Rapidement, de nombreuses personnes, interpellées par cet attroupement, les rejoignent. Interrogés par quelques journalistes, également présents, ils expliquent qu'ils se préparent à entamer ce qui ne sera certainement pas une promenade de santé.
A raison de 30 kilomètres par jour, ils devront parcourir 900 kilomètres, distance qui les sépare de Paris. Leur objectif étant de rallier la capitale avant le premier tour des présidentielles, le 22 avril 2012.
Outre l’aspect symbolique de la marche, il s’agit pour eux de manifester ouvertement leur colère. Les références à la "Marche des Beurs" de 1983, ou même à la marche des Fédérés Marseillais, en 1792, sont évidemment présentes.
"On n’arrête pas un peuple en marche !", clament-ils. Leur colère n’est pas seulement politique, elle est généralisée : "Y’en a marre du spectacle de marionnettes, marre d’être des pantins".
Un peu plus tôt dans la semaine, ils s’étaient regroupés une dernière fois pour parfaire les derniers détails et s’accorder sur leurs revendications. Lors d’un tour de table, chacun expose les raisons qui l’ont amené à participer à une telle aventure.
Les arguments divergent, tantôt utopistes, tantôt virulents, mais le fond est le même pour tous : "El pueblo unido, jamás será vencido !" Autrement dit, c’est en agissant ensemble que l’on nous écoutera. Les échanges durant le débat cristallisent souvent autour de l'indignation : "Comment est-il possible que des personnes non élues gouvernent le monde ? Comment se fait-il que nos vies soient régies par l’argent ? Il faut mettre un terme à tout ça ! "
Un troupeau sans berger
Chaque avis compte et c’est bien ce qu’ils revendiquent. Lycéen, étudiant, institutrice, chômeur, retraité, ils sont tous prêts à sacrifier de leur temps, de leur énergie, leurs projets personnels au service de cette manifestation plutôt insolite.
S’il y a bien un point sur lequel tous s’entendent, c’est qu’ils ne veulent pas de chef, car c’est précisément cela qu’ils rejettent. "Nous sommes un troupeau sans berger !" Cependant comme dans chaque groupe, il y a des têtes de proue.
Thibault est à l’origine du projet, il a coordonné et organisé une partie du voyage : "il était tout à fait nécessaire que l’un d’entre nous prenne des initiatives, sinon cette marche n’aurait jamais pu voir le jour".
Bien qu'ayant beaucoup de points communs avec les Indignés, ils souhaitent tout de même s'en démarquer un peu. La différence se caractérise donc par la forme que prend la protestation. Leur volonté est "d’occuper l’espace public" et de frapper un grand coup la veille des élections, "cette farce électorale", comme ils l’appellent.
Ils se mettent à rêver d’arriver aux portes de Paris accompagnés d’une foule suffisamment importante pour avoir leur mot à dire.
Au cours de leur trajet, ils espèrent mobiliser davantage de marcheurs, c’est pourquoi il sera ponctué par différentes actions coups de poing et ils seront immanquablement rejoints par les activistes-marcheurs de plusieurs villes de France. Car ce mouvement n’est pas propre qu’à Marseille. Bayonne, Toulouse, Lille, ou des villes de banlieue parisienne, y prennent également part.
Parmi les différentes actions prévues le long du trajet, les marcheurs prendront part, dimanche 11 mars (jour de commémorationn de la catastrophe de Fukushima), à la grande chaîne humaine anti-nucléaire qui reliera Avignon à Lyon.
Et on peut bien se demander, finalement, s’ils n’auront pas eu raison de rêver un peu...
Quoiqu’il en soit, il sera, possible de suivre leur évolution, ainsi que celle des autres marcheurs de France, grâce au blog que tiendra Nicolas Pain d’Epices tout au long de ce périple.
Crédit photo : Ugo Bocchi
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Par Tony Off