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Excision : couper avec la tradition

Lundi 07/02/2011 | Posté par Enora Perhirin (EJCM)

SAMEDI DERNIER, à Marseille comme partout dans le monde, se tenaient des manifestations en marge de la journée internationale de lutte contre l'excision. Cette pratique a toujours cours en France et en région PACA notamment.

Samedi 5 février. 15h : rendez-vous à l'Afriki Djigui Théatri à l'occasion de la journée internationale de lutte contre l'excision. L'association « Femme violence 0 GAMS Paca » (femmes pour l’abolition des mutilations sexuelles), présidée par Kélétigui Coulibaly, organise dans ce lieu haut en couleurs un après-midi animé par plusieurs acteurs autour du thème de l'excision et des violences faites aux femmes. L'ambiance est conviviale malgré un sujet grave. Chacun se réjouit de participer à cette initiative originale. « Plus il y a de gens qui s'intéressent à une cause, plus il y a de chances que le nombre de victimes de cette souffrance diminue » clame Monsieur Coulibaly.

Aujourd'hui, l'excision -ablation totale ou partielle du clitoris et des petites lèvres- touche environ 140 millions de femmes dans le monde. Et chaque année, c'est plus de 3 millions de fillettes ou d'adolescentes qui sont victimes de cette pratique. Cela reste avant tout un phénomène culturel, traditionnel, social, et familial pour bon nombre de femmes.
Pourtant, les risques immédiats ou ultérieurs encourus par l'excision sont multiples : douleurs extrêmes, hémorragies, décès, infections locales (tétanos, hépatite B, septicémies, etc.), accouchements difficiles, traumatismes psychiques (anxiété, angoisse, dépression, etc.). Ces conséquences restent à vie et engendrent des frais médicaux importants pour la victime. De plus, cette pratique ancestrale est souvent entourée de l'omertà, d'un sentiment de honte et parfois même de culpabilité chez la victime. Voilà pourquoi il est encore difficile d'en parler, cela reste un sujet tabou.

L'association GAMS Paca s'est aperçue que cette pratique vise surtout à contrôler la sexualité féminine. C'est pourquoi elle prépare pour 2012 une action de lutte contre l'excision qui s'appuie sur la participation des hommes dans ce combat. Pourquoi les hommes? Car ce sont eux qui sont à la base des décisions en Afrique. Ce collectif d'individus déterminés s'acharne donc à « lever le tabou et mobiliser les hommes pour qu'ils comprennent qu'ils doivent s'impliquer » martèle le président de la GAMS Paca. Ils doivent refuser de se marier avec des femmes excisées pour éradiquer ce phénomène.

Aujourd'hui il n'y a plus d'âge pour cette pratique qui touche même les nouveaux nés. En revanche, cela ne concerne pas toutes les ethnies au sein d'un même pays. De plus, il existe des disparités très grandes entre 2 pays. Au Cameroun par exemple, seules 2% des femmes sont excisées alors qu'en Guinée, on passe à un taux de 86% de femmes excisées. Actuellement, 18 pays sur les 28 pays d'Afrique qui pratiquent l'excision ont légiféré sur le sujet et adopté une loi qui interdit l'excision.

Un des défis majeurs à relever dans les années à venir reste l'information. Peu de campagnes ont été lancées pour sensibiliser l'opinion publique à ce problème de société et un débat de fond doit avoir lieu. Des opérations de reconstruction chirurgicales sont maintenant possibles pour les victimes de mutilations sexuelles afin qu'elles aient le droit, elles aussi, à une vie de femme presque normale.

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Enora Perhirin (EJCM) -

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