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Joue-la comme Zidane

Mercredi 25/02/2009 | Posté par Mariette Perrard (EJCM)

A La Castellane, il n’y a pas que les garçons qui rêvent de jouer comme Zizou. Elles ont entre 13 et 16 ans et font partie de l’équipe benjamine. Elles ont la même passion du ballon rond que les garçons… avec les bandeaux et barrettes en plus !

C’est un match capital. Ce samedi, Akima, Sandra, Fatima, Zaria, Nassima, Sihem, Manon, Melissa, Karina, Amel, Myriam et Saïda rencontrent l’équipe d’Endoume (7_^ème). En jeu : la première place de leur catégorie au niveau départemental. Elles ne doivent pas démériter. Si elles viennent des quatre coins des quartiers nord de Marseille, elles jouent toutes pour l’équipe benjamine de football féminin de la Castellane. La cité qui a vu grandir Zidane. C’est là que je les ai rencontrées.

Conscientes de l’enjeu, les filles sont arrivées en avance, «comme toujours», précise leur coach Anthony qui les entraîne depuis deux ans. «Ce sont des mordues du foot ! Au point qu’elles m’ont téléphoné le jour de la neige pour que je vienne quand même les entraîner !».
Lorsque que j’ai demandé aux filles ce qui leur a donné envie de jouer au football, elles m’ont répondu en chœur : «le ballon !». Puis certaines ont précisé : «C’est à causes de mes frères», «Ça vient de mon père», «Parc’que j’suis copine avec Amel (une autre des joueuses, ndlr)»... En les observant et en les écoutant, la principale raison m’a paru évidente. Le foot c’est vraiment leur passion !

Cette équipe, c’est celle de Sabrina Touati, Présidente de l’Association Sportive de Football Féminin  (ASFF) de La Castellane. Pendant la coupe du monde 2006, Sabrina a organisé un tournoi de football féminin. 300 filles se sont inscrites, un vrai succès. Sabrina ne s’attendait pas à créer l’événement. A partir de là, elle a monté un club de foot exclusivement féminin. Le deuxième de Marseille. Bien entourée et très bien vue dans son quartier, Sabrina n’a pas eu de problème pour faire accepter son équipe et recruter des filles. Une relation de confiance était déjà établie entre Sabrina et les familles, grâce à son engagement au sein de l’association Femmes du Monde. De plus, elle a toujours joué au football avec les grands frères du quartier.


"La récompense, c'est le match!"
Sabrina Touati est très fière de ses filles et encore plus satisfaite de leurs bons résultats. Elles n’ont connu que deux défaites cette saison. «Y’en a qui ont vraiment bataillé pour arriver au niveau de cette année. Au début, c’était difficile, car certaines filles n’arrivaient même pas à faire une simple passe», raconte Sabrina. Sa sœur, Linda en fidèle supportrice de l’équipe précise : «Les premiers temps, il y avait beaucoup de filles avec des différences de niveau, mais aussi de motivation. Sabrina a dû d’abord instaurer des règles de respect et de civilité».
Puis, au fil des séances d’entraînement, une sélection s’est opérée. «Ne sont restées que celles qui ont accepté le travail et la rigueur» explique Anthony, l’entraîneur. «Il y a des règles. Si elles ne font pas d’entraînement, pas de match». Les filles sont donc en concurrence pour pouvoir rester sur le terrain. «La récompense c’est le match !» comme dirait le coach.

En tout cas, les parents sont derrière elles. Ce samedi, ils étaient là pendant le match, et on les entendait ! Ils ont tellement bien compris la passion de leurs filles pour le foot, qu’en cas de bêtises ou de mauvaises notes à l’école, la punition suprême est de les priver de ballon. Pas de ballon, pas d’entraînement. Pas d’entraînement, pas de match. «Ça, ça les tue !» affirme Sabrina.
L’équipe est très soudée, et tous les membres du club ont contribué à créer une bonne ambiance. En même temps, ce sont des filles, et rien de plus normal que des prises de têtes, des jalousies et des crises. Il y en a eu avant, pendant et après le match. Pas le top pour se concentrer ! Toutefois l’équipe d’encadrement essaye de canaliser ces querelles pour que les filles continuent de bien jouer ensemble. «Dès qu’il y a des soucis, on organise une réunion pour parler et régler les comptes», explique la Présidente du club.

Le club organise souvent des matchs filles/garçons pour les faire évoluer dans leur jeu. Et à chaque fois, cela se passe bien. Pas de moqueries de la part des garçons. «Il faut dire que deux joueuses sont très techniques et jouent mieux que les garçons» affirme Anthony. Les garçons viennent souvent voir les filles jouer, mais l’inverse n’est pas vrai. «Elles se concentrent sur leurs objectifs et veulent montrer de quoi elles sont capables. Elles ont leur fierté».
En tout cas l’équipe féminine n’a pas eu de mal à être acceptée. Les grands frères les encouragent et jouent avec les footballeuses. Elles sont d’ailleurs mieux vues que les garçons de leur âge et sont toutes connues dans le quartier, d’après les bénévoles du club.

Aujourd’hui la relève est assurée. Les poussines (8-12 ans) sont prêtes à suivre leurs modèles et sont aussi «à fond !» confirme Sabrina. Chez les benjamines, quatre filles plutôt douées ont été repérées par des recruteurs pour intégrer dans quelques années des clubs féminins de D3 à D1, comme Lyon et Saint-Etienne.
«Les quartiers Nord de Marseille sont un vivier pour le foot autant chez les filles que chez les garçons», assure Anthony. Ce samedi, les filles ont perdu. Mais, rien de grave, ce n’est que leur deuxième défaite cette saison. L’important est ailleurs. Dans les quartiers nord, l’espoir du football se conjugue aussi au féminin.

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Mariette Perrard (EJCM) -

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