Marseille Bondy Blog Dakar Bondy Blog Neuilly Bondy Blog Lausanne Bondy Blog Business Bondy Blog Bondy Blog Lyon Bondy Blog Marseille Bondy Blog

L’Europe socialiste sur un ton anti-sarkozy

Jeudi 21/05/2009 | Posté par Benoît Gilles

EUROPEENNES 2009. La saison des grands-messes a commencé. Le Parti socialiste tenait meeting, mardi 19 mai, à Marseille. Entre les drapeaux des jeunes socialistes et les discours enflammés, l’ombre de Nicolas Sarkozy hantait la salle.

Les autocars venaient de toute la région et les journalistes de la France entière. Et même au-delà, puisque Der Spiegel avait envoyé un correspondant couvrir l’évènement. «Tous ensemble, tous ensemble, socialistes!», scandaient les militants du Mouvement des Jeunes Socialistes, présents en nombre pour faire la claque. Le Dock des suds est plein comme un œuf, mais les mauvaises langues auront remarqué que la salle est juste assez grande pour donner l’impression d’une foule compacte. D’ailleurs combien sont-ils ? «Ce soir, nous sommes 2000 !», rugit Patrick Mennucci, maire du 1er et 7ème secteur et Monsieur Loyal de la campagne de Vincent Peillon. «C’est les chiffres du Parti ou ceux de la Préfecture ?», moque un militant. On n’a pas la science infuse en comptage de militants, mais, à vue de nez, ils sont moins.


A la tribune, Mennucci présente un par un les candidats de la liste socialiste. Avec une circonscription aussi grande, une partie des candidats sont inconnus des militants du cru. Il faut donc les présenter. La liste fait une large place «aux candidats de la diversité», mot-valise dont les vertus seront longuement louées durant le meeting. On est à Marseille. «Je crois que ce candidat qui arrive à un point commun avec toi Karim [Zeribi, en 3e place sur la liste, ndlr], il joue méchamment bien au foot», plaisante le maire de secteur en présentant le stéphanois Otman El Harti, 7e sur la liste. A l’applaudimètre, Zeribi fait un beau score alors qu’il n’est pas membre du PS. C’est d’ailleurs lui qui entame la longue série de discours.

Le président de la RTM laisse sa place à Michel Vauzelle, le président de la Région, dont le fauteuil est à pourvoir en 2010. Il joue la carte de l’humour : « Je ne serai pas long. 40, 45 minutes maximum», annonce-t-il avant de louer le charme du candidat socialiste. «Son intelligence, sa verve, sa coiffure, sa culture, son look…». C’est à lui que revient la charge de planter les premières banderilles anti-gouvernementales : «Rachida Dati a tellement démantelé le service public de la justice que, bientôt, lorsqu’on appellera un tribunal, on tombera sur un répondeur qui dira : si c’est un délit tapez 1, si c’est un crime, tapez 2, sinon une opératrice va vous répondre.»
 

Le ballet des caciques
Après un Vauzelle qui n’est jamais meilleur qu’en campagne, l’homme fort de la fédération des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guerini fait un peu pâle figure. Il a beau avoir fait des progrès, il n’est toujours pas un tribun. «Nous avons 19 jours pour convaincre. Partons vers le succès et la victoire», finit-il par conclure avant de laisser sa place à la tête de liste Vincent Peillon.

Ce dernier bat la campagne depuis deux mois. Parti tôt pour faire oublier ses premiers regrets de parachuté, il prend le même élan dans son discours : pas deux pas, deux siècles. Enfilant les références aux révolutionnaires de 1789, de 1848, de 1870, aux glorieux ancêtres du Front populaire, il dresse une fresque du socialisme en commençant par ses racines. Entre deux flèches à ses adversaires anti-sarkozystes «Mélenchon, Besancenot et Bayrou qui acceptent la caresse du chef sur la nuque.» Plus loin, il a la candeur du primo-arrivant pour vanter le modèle d’intégration marseillais. «A Marseille, on ne pense pas que le prêtre, l’imam ou le rabbin soient supérieurs à l’instituteur. Ici, les musulmans se marient avec les juifs et les juifs avec les catholiques.»

Mais la grosse artillerie anti-Sarkozy ne vient qu’avec la première secrétaire nationale, Martine Aubry. «Enfin, cette campagne démarre au niveau national, Nicolas Sarkozy ne voulait pas y entrer.» Il n’empêche. Le PS a tout de même attendu que l’UMP valide ses listes pour se lancer pleinement. La majeure partie du discours est donc consacré au bilan des deux ans de présidence. Sécurité, emploi, pouvoir d’achat, sécurité… Tout y passe, sur le mode : «Qu’aurions nous entendu si nous étions à sa place au pouvoir.»

Consciente de cette ombre qui persiste dans ses mots mêmes, elle fait une pirouette : «Si on fait de l’anti-sarkozysme primaire, comme on nous accuse de le faire, ce n’est pas pour s’attaquer au Président de la République, mais pour dire qu’on est contre les franchises médicales, ici, et contre la privatisation de l’hôpital public, là-bas en Europe.» Même si par jeu de ricochet, elle finit par parler d’Europe, le président reste là, au premier rang des critiques, omniprésent. Comme si le PS avait du mal à exister sans son meilleur ennemi. Le meeting se termine sur un air de Bella Ciao plein d’entrain. Les leaders socialistes font mine de danser, une rose à la main. Dehors, les chauffeurs de bus font déjà tourner les moteurs.

Photos : Nathalie Crubézy / À-vif(s)

Ceux qui ont lu cet article ont aussi aimé :

Benoît Gilles -