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«Je ne suis pas le candidat noir qui fait bien sur l’affiche»

Mercredi 20/05/2009 | Posté par Benoît Gilles

EUROPEENNES 2009. Quinzième sur la liste MoDem, pour les élections européennes du 7 mai prochain, Saïd Ahamada profite de la campagne pour cultiver son ancrage marseillais.

Saïd Ahamada Mboussouri le dit tranquillement : il n’est pas un fanatique de François Bayrou, le fondateur du MoDem. S’il a rallié le Mouvement Démocrate à la création du parti en 2007, ce n’était pas parce qu’il croyait à l’homme providentiel mais parce qu’il partageait avec lui un certain nombre d’idées. Pendant sept ans, ce jeune dirigeant associatif a été un militant actif des Verts. Ses convictions écologistes durables, il ne les a pas laissées à l’entrée du MoDem.

«Cela fait souvent sourire les gens quand j’explique que mon parti est anticapitaliste. Mais je le pense vraiment, explique-t-il, sourire en coin.  Je crois que la crise que nous traversons nous oblige à choisir entre le capitalisme sauvage né du Thatchérisme ou une économie de marché refondée à partir des valeurs humanistes. Une entreprise ne doit pas avoir pour seul but de faire du bénéfice. Elle peut choisir de donner du travail par exemple.»

Titulaire d’un DEA en Finances, trader en bourse pendant quelques mois, il a justement inscrit son parcours professionnel dans le champ de l’économie sociale, en créant une structure associative de co-développement. Un choix qui, pour lui, correspond pleinement à cet « humanisme » revendiqué.

Jusqu’à présent, il n’a pas récolté les fruits électoraux de son engagement politique. Tête de liste MoDem dans les 15e et 16e arrondissements de Marseille aux dernières municipales, cet enfant des quartiers nord n’est pas parvenu au second tour. Aux Européennes, il n’est pas non plus en position éligible. Ce qui ne l’empêche pas de s’investir pleinement. Pour le Marseille Bondy Blog, Saïd Ahamada explique le quotidien d’un homme en campagne.

Marseille Bondy Blog : Vous êtes quinzième sur la liste MoDem dans le sud-est. Comment en êtes-vous arrivé là ?
Saïd Ahamada Mboussouri : "La première étape est de se porter candidat au niveau national. Cofondateur du MoDem et député européen sortant, le Marseillais Jean-Luc Bennahmias a été choisi pour conduire la liste dans le sud-est. Par conséquence, je savais que je n’avais aucune chance d’être dans les dix premiers. En effet, avec les effets de la parité et le respect des équilibres géographiques, mon ancrage marseillais me renvoyait en milieu de liste, loin des positions éligibles. Construire une liste répond de choix stratégiques : il faut respecter la parité. Je suis quinzième sur la liste mais le 7ème homme ! Enfin, pour un jeune parti comme le nôtre, l’équilibre géographique compte beaucoup. Les circonscriptions sont immenses : il faut donc jouer la carte de la proximité en choisissant des personnalités venant d’un peu partout. Il faut également avoir l’esprit pratique : cela permet d’avoir des relais dans l’ensemble des départements, ce qui est plus commode pour organiser la campagne.

Vos origines comoriennes ont-elles joué dans le choix du parti ?
Ce n’est pas une carte que je joue. Cela ne veut pas dire que cela n’intervient pas à la marge, de manière inconsciente. François Bayrou est très frileux, très réticent à l’idée de mettre en avant des candidats parce qu’ils sont noirs ou parce que ce sont des femmes. Alors, bien sûr, à compétences égales, cet élément peut jouer. Mais ce n’est pas ce critère qui est déterminant. Pas au MoDem en tout cas. Je ne suis pas le candidat de la diversité. Je ne suis pas le candidat noir qui fait bien sur l’affiche. Je pense qu’on est en avance sur ce plan là. En politique, l’intégration aux listes des personnes d’origines diverses, c’est d’abord traduite par un refus. On est noir donc incompétent. Deuxième étape, la bienveillance coloniale : on vous met sur la liste parce que c’est à la mode, que cela peut attirer des voix communautaires. Enfin, la troisième étape : on vous met sur la liste parce que vous êtes bons.

Concrètement, comment participez vous à la campagne ?
Je m’occupe de Marseille, là où je suis le plus efficace. En gros, une liste se décompose en trois parties : les premières places sont réservées à ceux qui veulent être élus. Cela va jusqu’à trois pour les petits partis, jusqu’à cinq pour les partis plus établis. Ensuite, viennent les personnalités déjà connues qui veulent asseoir leur autorité sur un secteur géographique. Enfin, les candidatures de témoignage qui apportent leur nom et un engagement. Disons que j’appartiens à la deuxième catégorie, celle qui cultive son terrain. C’est vraiment ce que je préfère faire. Les coulisses, je laisse ça à d’autres. J’aime être au contact, parler, chercher à convaincre. Comme notre budget est limité, on essaie de limiter les frais. Il faut donc être inventif : on a fait une opération Vélo Démocrate, tous habillé en orange, on organise des cafés Démocrates et on improvise des meetings un peu partout dans la ville, directement au contact de la population. C’est ce que j’aime dans la politique : convaincre, expliquer, dialoguer. C’est la première raison de mon engagement.

Aux municipales, le MoDem a négocié avec l'UMP puis s'est rallié à la liste socialiste. Cette fois-ci, vous êtes clairement adversaires. Cela ne pose pas de problème de cohérence?
Non. Je ne le pense pas. Aux municipales, les négociations avec l'UMP étaient symboliques. Avec le parti socialiste, nous sommes partis sur une plateforme très claire. Là, c'est différent. Il s'agit d'une élection à un tour, à la proportionnelle intégrale. Cela permet de savoir effectivement où se situe le MoDem. Le champ politique n'a jamais été aussi ouvert. Nous sommes un jeune parti mais nous pouvons être le troisième, voire le deuxième parti de France. A l'heure où le modèle économique se casse la gueule, tout est à construire. Pour nous, c'est une vraie chance."

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