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La révolution de droite fait pschiiit !

Samedi 01/01/2011 | Posté par Nicolas Bourrel

BEST OF 2010 : DÉCEMBRE. Retour satirique sur l'opération de communication de Benjamin Lancar, à l'IEP d'Aix-en-Provence.

Il fallait oser. Voilà que la droite devient décomplexée jusqu'à en devenir révolutionnaire. Benjamin Lancar ne se cache d'ailleurs pas du côté un brin provocateur de la question. Mais il ne s'attendait probablement pas au comité d'accueil qui lui était réservé à cette occasion.
A mon arrivée face à l'IEP d'Aix, mon attention s'arrête sur un jeune homme accroupi, en train de réaliser une pancarte en carton au sol. Curieux, je me penche sur l'intitulé de l'objet arborant fièrement : « Ce soir, c'est le Lancarnaval! ». Je me souviens alors qu'une manif' "de droite" est prévue pour l'évènement.
Arnaud, impeccablement vêtu, costard cravate et complice de l'ouvrage décide de m'éclairer sur ce doux oxymore : « Un débat avec un seul et unique intervenant, qui plus est avec Benjamin Lancar sur une question pareille, pour nous c'est burlesque. Burlesque pour burlesque, on a voulu tourner la chose en dérision en organisant notre manif' de droite. »
Rappel du principe pour ceux qui ne le connaissent pas et qui reste fort simple : caricaturer le plus possible les positions UMP, le tout en slogans dans une ambiance triviale et bonne enfant. Et c'est qu'ils sont créatifs ces manifestants improvisés : cigare, chaîne bling-bling, drapeau bleu-blanc-rouge enguirlandent la foule. Cette dernière scandant des slogan allant du (« TF1 c'est bien, en plus c'est des copains ») au plus cru (« Hortefeux à Vichy, car Pétain y était aussi ») en passant par les plus loufoques (« CRS = Tendresse »). Il faut dire que le contexte s'y prête : quoi de mieux que de répondre à une contradiction par une autre ? La petite touche d'ironie finale : le piste de fond du LipDub réalisé par les Jeunes Pop'.

Une fois le Président des Jeunes Populaires entré en vitesse, la conférence peut alors commencer. Après s'être amusé de sa brève aventure à l'entrée de l'IEP, ce dernier s'explique sur les raisons d'une telle problématique : Être un Jeune Populaire "révolutionnaire" c'est donc être dans le "camp du changement", de la jeunesse qui bouge et du "courage politique" et qui n'hésite pas « à dire la vérité même en prenant le risque qu'elle soit impopulaire » (alors qu'il milite pour l'Union pour un Mouvement Populaire, cherchez la logique).
Fin du discours, la parole est alors donnée au public ; beaucoup ne se sont pas fait prier; un membre MJS (Mouvement des Jeunes Socialistes) rétorque « Ce que tu avances est un contresens historique. Tu parlais d'une jeunesse innovante et d'une révolution non-violente. C'est faux, elle met à bas tous les acquis sociaux de notre société » De son côté un militant du Parti de Gauche s'avance: « Tu parles d'impopularité mais moi j'aimerais te parler de démocratie. Lorsque le gouvernement passe en force sur la réforme des retraites alors qu'une large majorité de la population est contre, on est en droit de se poser des questions. »
Une autre intervenante se questionne: « J'aimerais savoir comment un jeune UMP qui s'avoue clairement libérale se positionne sur les thèmes sécuritaires et donc liberticides de Nicolas Sarkozy... ». Lancar se défend d'être un béni oui-oui et avoue quelques désaccords avec certaines décisions, même si son soutien à la majorité reste fort selon lui. Au final un sentiment de déception mêlé d'un ennui profond s'installe en moi : je n'aurai rien appris de cette fameuse "jeunesse de droite révolutionnaire", qui n'aura rien fait d'autre que de déballer un discours mille fois étalé. Et l'impression d'avoir assisté à un meeting UMP camouflé par le buzz d'une thématique accrocheuse à défaut d'être sérieuse persiste encore. Alors c'est quoi finalement la révolution à droite ? J'avoue, je cherche encore...

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Nicolas Bourrel -