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A Marseille, l'orange est encore verte

Jeudi 17/01/2008 | Posté par Julie Chaudier

Jean-Luc Bennahmias est candidat à la mairie de Marseille sur la liste MoDem et écologistes. Cet homme pense plus vite que le mistral.

Jean-Luc Bennahmias, ex-Vert passé au MoDem, aurait-il changé de convictions comme il a changé de couleur ? Auparavant fervent opposant à la construction d’un incinérateur à Fos-sur-Mer, il affirme aujourd’hui : « Avant toute chose, je mettrai en œuvre le plan départemental de valorisation des déchets. Ce n’est que lorsque toute la filière de recyclage aura été mise en place que je me tournerai vers l’incinérateur. »

Le candidat Vert devient modéré et « ne fait pas d’idéologie avec l’écologie ». Son pragmatisme lui fait admettre « qu’arrêter le construction de l’incinérateur alors que le contrat a déjà été signé est quasiment impossible. L’entreprise constructrice n’accepterait d’annuler le contrat qu’au prix fort, or je ne veux pas surendetter la ville». Un aveu douloureux pour cet écologiste dans l’âme, mais « je traînerai tant que je pourrai » pour le mettre en fonctionnement, assure-t-il dans un sourire crispé.

Jean-Luc Bennahmias a donc bien encore du vert en lui et l’avenir de Marseille, il le voit plutôt en noir. Pas noir de pessimisme, au contraire: noir comme les panneaux photovoltaïques. « Je veux en mettre sur tous les toits de la ville ! » Son programme en matière énergétique est dense : « Je veux une énergie de proximité. La commune d’Allauch est boisée à 80%. En entretenant la forêt pour éviter les incendies nous récupèrerons du bois qui, brûlé, servira d’énergie aux quartiers nord voisins. »

Après le soleil, il recherche la brise: « Il faut mettre des éoliennes partout ! Et que l’on ne me dise pas qu’elles abîment le paysage ou qu’il n’y pas de vent ! J’en mettrai à Plan de Campagne ou sur l’Etang de Berre à côté des raffineries ! »  Enfin, il s’enflamme sur les questions de l’eau : « Je mettrai un double système de canalisation, il n’est pas normal qu’on lave sa voiture avec de l’eau potable ! » Il conclut, rêveur : « Je veux faire des îles du Frioul comme du Mont-Rose des îles d’expérimentation. Concrétisation du principe de Haute qualité environnementale, elles seront de vraies vitrines de la ville ! »

Sorti des thèmes écologistes, l’homme, certainement fatigué par la campagne, perd de son allant, sauf peut-être sur la question des banlieues. Le plan banlieues de Fadela Amara ? Un grand éclat de rire pour unique réponse. « Assez de plans banlieues ! Ce plan ne sera qu’un nouveau saupoudrage ! » Pourtant, selon lui, le plus urgent, LA seule priorité politique aujourd’hui en France, « ce sont bien les quartiers et les villes en difficulté ». Une conscience aiguë du problème qui n’amène pourtant pas à des solutions nouvelles : « adéquation des formations aux emplois créés, aide à l’intégration, école de la deuxième chance, formation initiale, aide aux parents, promotion des associations et coopératives, cadence des transports publiques non polluants entre les différents quartiers de la ville en fonction des besoins. »

Conscient du déficit en logements sociaux (18,5% au lieu de 20%), la tête de liste MoDem et écologistes veut mener une politique volontariste en matière de construction et de recensement des bâtiments qui peuvent y être affectés. Mais, lucide, il admet: « Je ne connais pas de solution au problème de l’augmentation des prix de l’immobilier multipliés par 4 en 10 ans. »

Pauvre (1/4 de la population vit en dessous du seuil de pauvreté) mais cosmopolite, Marseille « sera représentée dans sa diversité sur les listes électorales que nous sommes en train d’établir ». La grande mosquée « c’est très bien car tous les cultes doivent pouvoir s’exprimer dans le respect de la laïcité ». Sur la question des Roms, il dévie en touche bruxelloise : « Ils posent un problème qui ne peut être réglé qu’au niveau européen, car les Roms sont aujourd’hui des citoyens européens. »

Trop longtemps éloignée de la question écologique, la discussion y revient mécaniquement : « Les Roms sont les rois de la récupération, ils n’ont pas peur de mettre les mains dans les poubelles ! » s’exclame celui qui se dit « spécialiste des déchets ». D’un raccourci rapide avec un air mi-amusé mi-désabusé: « Quelque part ils m’aident ! »

Sous le candidat MoDem, le vert ne cesse de réapparaître. Difficile de mener une politique globale quand on est obsédé sinon possédé par la seule question écologique ? « Au contraire la problématique de l’écologie a fini par rejoindre la politique en général. Il n’y a pas de différence entre politique écologique et politique de l’entreprise : l’engagement des entreprises dans les énergies renouvelables et dans la maîtrise énergétique est créateur d’emplois et, par le bais des taxes professionnelles, baisse l’endettement de la ville et les factures de chauffage des particuliers. »

Avec un peu de chaleur recyclé et un bon vent, peut-être qu’au moment de la cueillette du mois de mars, l’orange verte sera mûre.

Julie Chaudier

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Julie Chaudier -

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