Les 24 heures de la lecture : A livre ouvert
Mardi 28/05/2013 | Posté par Anis Moumeni
Lors des 24 heures de la lecture, au lycée Victor Hugo, plus d’un millier de personnes ont passé la journée le nez dans les livres.
Le vendredi 17 mai, de 9 heures du matin à minuit, le lycée Victor Hugo de Marseille a accueilli plus de 1000 personnes et 17 établissements, réunis dans ses murs pour y lire à voix haute.
Ce jour, entièrement consacré à la lecture, a pour ambition de revaloriser cette activité modeste et intime avec le concours de toutes les générations et notamment des enfants.
Pour M. Leroy, professeur en charge de l’organisation, le but est simple : consacrer pour la première fois à Marseille et en France une journée à la lecture en investissant un établissement qui deviendra l’hôte de cette activité. Le projet initial de 24 heures continues étant trop compliqué à réaliser, celui-ci a été ramené à 15 heures.
En faisant des élèves les acteurs et les spectateurs de cette démonstration littéraire, l'intention était de redonner goût au littéraire, sortir de la société du spectacle pour retrouver la magnificence et la noblesse de la lecture. En effet, selon ce professeur de lettres classiques, “la littérature est plus spectaculaire que tous les films de Spielberg.”
L’un des projets tout aussi important était de libérer les textes “enfermés” grâce à la lecture à voix haute et de la partager comme cela se faisait jadis dans de nombreuses civilisations et familles.
Comme il le dit, les livres doivent rester ouverts pour permettre de “rendre visible l’invisible”, de sortir d’un “monde purement spectaculaire”, d’arrêter de “chercher la facilité” et ainsi partager un moment d’imaginaire, une expérience à la frontière de l'intime et du collectif.
“La lecture est une communion intime entre écoute et parole, ce n’est pas un show, la lecture ce n’est pas spectaculaire”. Il ajoute avec enthousiasme “l’école est la seule institution qui peut la défendre”, même s’il est d’autres acteurs qui y concourent aujourd'hui...
Un revival polyphonique et multilingue
10 heures 05. Il pleut. Des voix timides se lèvent dans le silence et le ruissellement. La magie de la lecture d’Alice en anglais s’installe petit à petit entre les quelque 25 spectateurs et la dizaine de lecteurs.
Grâce à une vidéo projetée, toute l’attention est captée, les esprits sont en phase. L’héroïne de Lewis Caroll revit dans les murs de Victor Hugo.
Ce départ timide donne le tempo. Au fil des heures, les lectures se succèdent, en provençal, espagnol, français, anglais et sur divers sujets : les maths, la mythologie (avec “Le chant des Aèdes” interprété par des 6èmes d’Henri Wallon et des élèves de Victor Hugo.), l’amour dans une pièce de théâtre itinérante (interprétée par l'option théâtre du lycée en partenariat avec la Minoterie).
Ainsi, les livres s’ouvrent, les pages se tournent, les personnages retrouvent vie et les histoires reprennent forme grâce à 17 établissements, acteurs, lecteurs de tous âges et de toutes tailles...
La littérature vient toucher à d’autres arts : la peinture, les mathématiques, avec “Triangle Scalène”, du poète Guillevic, interprété par les collégiens de la Belle-de-Mai ; elle est représentée sous toutes ses formes : conte, poésie, épopée...
Ses fantômes se sont profilés dans la cour jusque tard dans la nuit tandis que de jeunes voix revivaient en anglais le drame des Hauts de Hurlevent. Au fond de la cour, des voix chuchotent aux oreilles des visiteurs allongés dans des transats des ”Poèmes de la Méditerranée“ : moment de suspension.
Les 24 heures de la lecture sont aussi un lieu de rencontre et de socialisation où les parents ont vécu une facette différente de l’institution. J’avoue avoir été surpris par la vivacité des 6es d’Henry Wallon dans “Le chant des Aèdes”, la maturité des CM1 dans “Des mots en eau” et l’implication de tous les élèves, finalement remerciés par l’apparition de Philippe Caubère autour des 23h.
Désormais, certains se prennent déjà à rêver d’une journée nationale...
Crédit photos : Christine Gorce
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Par Tony Off