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Les Indignés obligés de décamper

Lundi 12/12/2011 | Posté par Jan Cyril Salemi

Samedi 10 décembre, jour anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, que Stéphane Hessel, l’auteur d’“Indignez-vous” a contribué à élaborer. Ce jour-là, les Indignés de Marseille ont tenté de dresser un campement sur le Cours Julien. Le soir même, ils ont été évacués violemment par les CRS. Récit. VIDEO EN +

Samedi soir, vers 23h, centre-ville de Marseille. Le Cours Julien est quadrillé. Impossible d'aller boire un coup, de rentrer chez soi, de chercher sa voiture au parking. Tous les accès au Cours Ju sont verrouillés. Au bout des rues transversales, devant le métro Notre Dame du Mont, des CRS sont postés et bloquent le passage. Quelles sont les raisons d'un tel déploiement de forces ? Une saisie de Kalachnikov peut-être ? Le président de la république venu acheter un kebab ? Ou alors l'actionnaire principale de l'OM qui promène son chien ? Rien de tout cela. Ce qui mobilise une bonne quinzaine de cars de CRS accompagnés de leurs collègues en civil de la BAC, c'est le campement que les Indignés ont tenté d'installer le soir même. 

Campement pacifique
Ce samedi, après une longue manifestation partie du Vieux-Port en début d'après-midi, les Indignés de Marseille ont prévu de dresser un camp sur les fontaines du Cours Julien. Vers 20h, ils s'installent au milieu des bassins asséchés, bien décidés à passer là leur première nuit au grand air. Ils sont environ une centaine, peut-être deux cents.

Quelques bataillons de CRS sont déjà en poste sur le Cours, mais ils n'interviennent pas. C'est encore le temps de l'observation. Le campement est strictement pacifique. Aucune violence, aucune agressivité, aucun débordement.
Les organisateurs ont même pris la peine de distribuer une feuille à tous les participants, qui résume la conduite à adopter. "Information juridique et conseils" s'intitule le papier. Pas d'arme, pas de projectile, pas de provocation, comment réagir en cas d'interpellation, tout est listé pour que tout se passe sans dérapage.

Mais rapidement, les choses tournent mal. Les forces de l'ordre ont reçu l'ordre d'évacuer le camp. Les CRS se mettent en position et encerclent les fontaines. Jérémy, présent depuis le début de la soirée, raconte : "Ils ont commencé à avancer, dix mètres par dix mètres, puis ils ont chargé. A partir de là, c'est parti en vrille." 

La police donne l’assaut
Vers 22h, les Indignés sont délogés des bassins et toutes les affaires du camp sont envoyées à la benne. En moins d'une demi-heure, la place est bouclée et les policiers tapent au hasard, sur tout ce qui bouge. Stéph, un ami de Jérémy, se trouve face à un civil qui lui "allonge deux patates dans les côtes, avec les deux poings, direct."

Kevin, lui, est de passage dans la région. Venu avec la mission locale de Lorient, il était en visite à Marseille samedi. Pendant l'après-midi, il croise la manif et rejoint le cortège jusqu'aux fontaines.
Il décrit les mêmes scènes de violences policières. Il montre son avant-bras enflé et tuméfié. "Là je me suis pris un coup de matraque, explique-t-il. Mais ce qui ce qui m'a le plus choqué c'est quand j'ai vu un homme âgé se faire littéralement cravater par les flics. Lui n'était même pas avec nous, il était autour, il discutait." 

Manifestement, les policiers avaient l'ordre d'intervenir sans discernement ni ménagement, histoire de dissuader toute tentative de reprise de la place.
Anaïs, habite le quartier depuis vingt ans : "Je sortais de l'Equitable Café avec mes amis. Je ne savais même pas ce qui se passait. Je vois tous ces policiers, et je vais vers eux pour me renseigner poliment. On me répond : "Dégagez", en pointant sur moi une matraque. Les CRS étaient tous dans le plan d'eau, et d'un coup, on n'a même pas eu le temps de réagir, ils se sont mis en ligne, ils ont chargé et envoyé les lacrymos."

Du côté de la police, la version diffère un peu : “A force de se recevoir des canettes, nos collègues CRS ont fini par réagir”, assure un civil de la BAC. 
On répond à la violence par la violence”, poursuit-il, sans rire.

Ainsi, les Indignés auraient enclenché le cycle de violence ? Retour vers Kevin, le Lorientais :
“On était tous super pacifique, et on savait ce qu’il fallait pas faire. Sincèrement, moi, j’ai vu une canette qui a valsé, au moment où on était encerclé. Mais je crois franchement que c’est un gars qui était pas avec nous qui l’a lancée. De toutes façons, c’est pas pour ça qu’on s’est fait charger.” 


Les CRS toujours sur place
Au bout d’une heure de cette ambiance, la place est finalement rouverte. Vers minuit, une quinzaine de CRS restent postés autour de la fontaine, prêts à y passer toute la nuit pour éviter toute approche.

Dimanche matin, l’Assemblée Populaire qui devait se tenir sur le Cours Ju a été empêchée par les forces de l’ordre. Replié en haut de la Canebière, le collectif s’est fait de nouveau charger dans l’après-midi. Huit personnes ont été arrêtées, puis libérées après quelques heures de garde à vue.

Les Indignés ont décidé de poursuivre leur action, et se réunissent ce lundi matin devant la mairie.
Dimanche soir, à minuit, six cars de CRS étaient stationnés devant les fontaines du Cours Julien. Tout était très calme aux alentours. Des CRS jouaient aux cartes dans leur camion.





Crédit photo : Jan Cyril Salemi
NB : La photo d'illustration a été prise dimanche 11 décembre

Video :
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Jan Cyril Salemi -


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