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Les parents, patrons de l'école?

Dimanche 01/03/2009 | Posté par Julie Chaudier (EJCM)

Réputation des écoles et géographie sociale de Marseille se mêlent pour réajuster la carte scolaire de Marseille, au grand dam de l’académie.

La nouvelle carte scolaire du primaire des Bouches-du-Rhône est tombée, le rideau sur l’école s’est levé pour l'année scolaire 2009-2010. Trente-quatre classes vont être fermées en raison de la baisse du nombre d'élèves et trente-quatre autres seront ouvertes. Or chacun sait, sans même être venu à Marseille, qu’au nord sont les quartiers les plus pauvres et au sud les plus riches. Sur cette carte sociale, la carte scolaire s’applique avec plus ou moins de bonheur.

Chaque parent, à moins d’avoir choisi l’enseignement privé, doit s’y plier : il faut mettre son enfant dans l’école la plus proche de son domicile. Tant pis si elle a mauvaise réputation, si les résultats ne sont pas là pour les enfants, la carte ne fait pas dans le détail. Alors les parents tentent le tout pour le tout pour leur petit bout de chou, la perle de leur vie. Pour éviter l’école toute désignée, on triche. «Parfois, les parents donnent au moment de l’inscription une autre adresse que la leur, celle d’un membre de la famille, de la nourrice, de leur lieu de travail …», énumère Carole Gelly du syndicat FSE-UNSA. Si un premier enfant obtient le précieux sésame et entre dans l’école de bonne réputation, alors toute la fratrie aura des facilités pour le suivre, quel que soit le lieu de résidence.

Reste les écoles mal aimées, mal famées. A force d’être désertée, le nombre d’enfant par classe baisse. «Cette année, parmi toutes les fermetures de classe, plusieurs sont certainement dues à ce phénomène, atteste Anaïs Durand membre du syndicat FSE-UNSA, mais il est difficile des les identifier précisément car d’autres facteurs entre en ligne de compte». Ainsi dans des quartiers bien vivants, où les enfants jouent toujours plus nombreux dans les rues et les arrière-cours, des écoles se vident, des classes ferment, sans vraiment savoir pourquoi. «C’est un mythe pour nous. On ne sait pas sur quoi se fondent ces réputations ; des rumeurs… Il est très difficile ensuite de s’en dépatouiller», explique Anaïs.

Car ensuite, comme un engrenage, comme une prophétie autoréalisatrice, les parents les plus préoccupés par l’avenir de leurs enfants, les plus actifs vont les retirer de l’école. Ne resteront plus alors, effectivement, que ceux qui n’ont pas d’autres possibilités, les «cas les plus difficiles». L’école justifiera, alors, probablement de sa mauvaise réputation.

L’académie prend alors acte, par la carte scolaire, des infléchissements provoqués par les choix des parents. Impuissante. Et pourtant. Dans le 16ème arrondissement, dans ces trop fameux quartiers nord, non loin de l’Estaque le quartier de Mourepiane. Mourepiane a une école maternelle extrêmement cotée. Elle attire des enfants de très loin. Plus loin l’Ecole Saint Henri est tout son contraire. «La nouvelle carte scolaire indique que la petite école de Mourepiane rejoindra le giron de Saint Henri, les petites classes devraient y être transférées», explique Carole Gelly.

Objectif pour l’académie, contrer les parents et leur tendance à préférer un établissement plutôt qu’un autre et favoriser la mixité sociale. Ce choix n’est donc pas du goût des parents des enfants inscrits à Mourepiane. Ils militent ardemment depuis cette annonce, en vain jusqu'ici. Mais les parents ont souvent le dernier mot.

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Julie Chaudier (EJCM) -