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Madagascar : la crise vue par la diaspora

Jeudi 12/02/2009 | Posté par Sébastien Cahn (EJCM)

Depuis quelques semaines, Madagascar traverse une violente crise politique. A Marseille, les Malgaches de la Diaspora suivent au jour le jour les évènements. Témoignages croisés d’Abdoul Bastui, président de l’association Mada Culture, et Rija Randrianasolo, photo-reporter.

«Je suis très attristé de voir que le peuple malgache est contraint de passer par de telles extrémités pour faire entendre son opposition au pouvoir en place», regrette Rija Randrianasolo. Il a encore à l’esprit la fusillade de samedi dernier. Dans l’après-midi, des partisans du maire Andry Rajoelina ont tenté d’investir le palais du Président Ravalomanana, à Antananarivo, la capitale. L’armée a tiré, 28 personnes sont tombées. «Ma petite amie et des membres de ma famille vivent dans la région. Je suis très inquiet pour eux à cause des pillages quotidiens. Je tchate tous les jours pour avoir de leurs nouvelles». L’angoisse du jeune photographe est telle, qu’il songe même à effectuer le voyage : «Dès que j’obtiens un billet d’avion, je rends visite à ma famille. Et puis, j’aimerai aussi couvrir la crise en tant que photographe pour apporter un point de vue malgache dans le paysage médiatique».

Ces craintes sont partagées par Abdoul Bastui. «Je recommande à ma famille de ne pas se prononcer en politique par peur de représailles». Ancien personnage politique de premier plan du gouvernement Ratsiraka, il a choisi de s’exiler à Marseille en 2002, lorsque Ravalomanana est arrivé aux commandes du pays en forçant le vieux dictateur vers la sortie. «Il ne faisait pas bon vivre pour les fonctionnaires qui avaient œuvré sous la tutelle du président Ratsiraka. J’avais peur d’être jeté en prison».
Pour lui, la dérive totalitaire du régime est à l’origine de la crise actuelle. «Le conflit vient du ressenti exacerbé du peuple malgache envers le dirigisme et l’hyper libéralisme adopté par le pouvoir en place. Ravalomanana et ses dignitaires ont asphyxié l’économie en monopolisant la production de ressources naturelles et le secteur entrepreneurial de l’île». En effet, avant d’être lui-même maire de Tana et président par deux fois, Marc Ravalomanana était le patron d’un empire agro-alimentaire, Tiko. Depuis son accession au pouvoir, ses activités ont connu un développement et une diversification sans précédent faisant dire à ses opposants que le président a privatisé le pays pour son propre compte.
Très récemment, le Président a ainsi loué au groupe sud-coréen Daewoo l'équivalent de deux régions entières. Ce bail de 99 ans sans contrepartie financière devait permettre au groupe coréen de produire du maïs et de l'huile de palme pour leur marché intérieur. Ce contrat passé en catimini a achevé d'excéder la population déjà durement frappée par la misère.

Quelle solution ?
Si par ses propos, Abdoul semble soutenir l’opposition, Rija renvoie dos à dos les deux camps. «Effectivement, le président gouverne le pays comme une entreprise sans tenir compte des diverses tendances politiques. Quant à Rajoelina, il s’agit pour moi d’un pantin manipulé par les politiciens revanchards de l’ancien régime. Le seul parti que je prends c’est celui du peuple».
A défaut de s’accorder sur le plan politique, Rija et Abdoul espèrent tous deux une accalmie dans le pays. «Selon moi la stabilité reviendra par le dialogue entre les deux camps adverses, et une certaine maturité, espère Rija. Pour apaiser les esprits, Ravalomanana devrait accepter la présence des partisans de Rajoelina dans son gouvernement.» Une opinion qui est partagée par Abdoul, qui porte aussi son espoir sur la diplomatie internationale, en particulier sur l’action de la France : «Il y a 20 000 Français à Madagascar et l’île est une ancienne colonie. Je pense que les efforts fournis par le Ministre de la coopération, Alain Joyandet, seront considérés». Quelle que soit l'action de la France, il reste aux habitants de la Grande île à trouver ensemble la voie de la paix.

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Sébastien Cahn (EJCM) -