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Bilan de compétences à la sauce rentabilité

Lundi 13/04/2009 | Posté par Jérôme Aubrun

Le Bilan de compétences peut être un bon outil pour faire évoluer sa carrière professionnelle. Mais, parfois, il permet juste de constater que le chômeur est un produit comme un autre…

On peut tous éprouver à un moment donné, le besoin de faire un point. Dans la vie professionnelle, un outil existe : c’est le bilan de compétences. Si on souhaite changer de poste voire de domaine d’activité, ce bilan peut permettre d’ouvrir des pistes et de les explorer.

Payant, il peut être pris en charge, par les assedics ou via le DIF (Droit individuel à la formation). Ayant déjà vécu l’expérience il y a 6 ans, j’ai décidé de la reconduire, bien que son apport ne m’avait paru ni très convaincant, ni très utile.
L’accord de prise en charge en poche, je me suis donc rendu dans les locaux d’un organisme de formation. J’ai choisi cet organisme sur la liste que m’a présentée mon accompagnateur à l’emploi, sans plus d’informations. J’avoue avoir privilégié la proximité avec mon domicile comme critère de choix.

Au jour dit, je me suis donc rendu dans cet organisme où je suis accueilli dès l’entrée par un monsieur qui me demande : «-Vous êtes là pour un BCA ?».
Devant mon hésitation, il  reformule poliment : «-Vous êtes là pour un Bilan de Compétences Approfondi ?»
Conforté par ma réponse, il se désigne comme étant M. Martin*, en charge du BCA donc, et me demande de patienter quelques instants.
Assis sur un banc posé dans ce qui ressemble à la cour de récréation d’un ancien collège, j’engage la conversation avec une jeune femme qui est là pour les mêmes raisons que moi. J’apprends donc que nous sommes plusieurs à suivre le bilan, ce qui est une première surprise, vu que je m’attendais, comme c’est l’usage, à être reçu en individuel.

Passé le traditionnel quart d’heure marseillais d’attente, ,nous sommes rejoint par un jeune homme et c’est finalement à trois que nous suivons le formateur dans la salle informatique où nous prenons place autour d’une table. M. Martin prend la parole. Il la rendra plus d’une heure et demie plus tard, après un exposé dont je tenais à vous faire partager les moments les plus… étonnants.

En guise d’introduction, il nous explique que la première chose à faire est de choisir de rester ou pas dans le dispositif. Pour nous aider à faire ce choix, il nous expose ses vérités sur la mécanique des bilans de compétences.
Initialement prévu pour une durée d’environ 20 heures sur 6 semaines, contre 24 heures pour les salariés, il ne peut nous promettre tout au plus que 10 à 12 heures de travail. N’étant pas à temps plein et ayant plusieurs casquettes dans l’organisme, c’était là le maximum qu’il pouvait dégager. Pour les mêmes raisons, il nous avertit qu’il refuse de mettre en place les test psys qui sont pourtant d’usage.
Son argumentaire est simple : ces outils n’ont d’intérêt que par la façon dont on les utilise, vu le peu de temps qu’il a à nous consacrer, il ne peut pas les utiliser efficacement. En son âme et conscience de professionnel, il se refuse à le faire.

Un bilan au rabais...
Il ira donc à l’essentiel : nous accompagner vers le retour à l’emploi en mettant à notre disposition le matériel et les techniques qu’il peut mobiliser.
Sentant poindre dans nos regards une lueur d’optimisme, il s’empresse de nous prévenir, exhibition de son planning à l’appui, qu’il ne peut nous recevoir qu’une matinée par semaine.
Et étant donné le nombre important de dossiers à sa charge, nous serions entre 10 et 12 par session avec, au mieux, 1 heure d’entretien personnel sur l’ensemble des 6 semaines.

Un peu groggy après cette présentation, je profite de la pause café pour discuter avec mes condisciples.
La jeune femme a déjà fait son choix et ne souhaite pas rester dans ses conditions. Elle me décrit son parcours et m’explique «J’ai besoin d’un éclairage, d’une mise en relief, pas d’un accompagnement au retour à l’emploi. Je veux soulever des questions auxquelles je ne pense pas, pas obtenir des réponses que j’ai déjà.».

Nous sommes donc deux à choisir de rester. La matinée se conclut par les démarches administratives de rigueur. Nous avons épuisé trois heures, soit l’équivalent de deux séances sur la dizaine prévue. Pire, le formateur nous propose de remplir la feuille de présence à l’avance pour la totalité de ces séances...

Il ne s’agit pas ici pour moi d’exposer à votre lecture les pratiques d’un individu aux méthodes douteuses et à la conscience professionnelle aberrante. De mon point de vue, j’ai eu affaire à un professionnel dépassé, mal dans ses pompes et qui a préféré prendre le parti d’exposer, plus ou moins honnêtement, le système dans lequel lui et moi évoluonsa.

Un système dans lequel l’emploi est ni plus ni moins considéré comme un marché comme les autres dans lequel l’individu est un consommateur et non pas un usager. Etre reconnu comme un usager, c’est aussi admettre en préalable un droit à l’égalité : égalité d’accès et d’usage. Ce qui est aux antipodes de la logique de consommation, qui privilégie le malin, le bien renseigné, l’affranchi.

Pour sélectionner les structures qui mettent en place des dispositifs comme le bilan de compétences, l’Etat organise un appel d’offres : je me demande, naïvement, quel est le poids du critère financier dans son choix ? Le formateur, lui avait déjà son avis : la structure qui demande le moins a le plus de chance de remporter le marché…
Comme quoi, encore une fois, il vaut mieux être riche et bien portant que…

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Jérôme Aubrun -