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Marché du Soleil : les commerçants ont pris leurs quartiers d’été

Vendredi 10/04/2009 | Posté par Benoît Gilles

Après avoir rouvert le marché incendié en juin dernier, les commerçants ont isolé la partie sinistrée. Ils sont déterminés à se réinstaller en dépit du propriétaire.

Les commerçants du marché du Soleil ont de la suite dans les idées. Le 17 mars dernier, au nez et à la barbe du propriétaire, ils entraient dans le marché en partie incendié, affirmant vouloir se réinstaller dans la partie saine. Et, depuis, ils n’ont pas chômé : les couloirs sont propres et la partie incendiée, totalement isolée. Aujourd’hui, ils ont même passé un coup de balai entre les boxes car il y a des invités.

La presse est venue en nombre écouter leurs intentions. Les commerçants ont tous revêtu des chasubles fluo et forment un double cordon de chaque côté de l’allée principale. Au fond une chaise et trois personnes assises. Le cafetier de l’entrée du marché passe avec les thés, la conférence de presse peut commencer.

Président de l’association Présence Citoyenne et riverain, Omar Djellil ouvre les hostilités : «Pensez-vous que si les galeries Lafayette avaient brûlé, les autorités auraient laissé les commerçants sans solution ? Non… C’est pour cette raison que nous avons écrit à Nicolas Sarkozy et à la Halde. Les fluos sont un symbole. Aujourd’hui, nous réclamons la visibilité, qu’on nous écoute enfin

A ses côtés, l’avocat des commerçants, Me Méjean enchaîne sur le volet financier. Même s’il a découvert le dossier, il y a quelques jours à peine, il se veut rassurant. «La loi SRU concerne aussi les baux commerciaux, le propriétaire avait l’obligation de vous reloger. Et s’il était défaillant, c’était aux autorités compétentes de reloger les commerçants».

La mairie a bien fait quelques propositions, loin du centre et en plein air, repoussées par les commerçants. L’avocat estime donc légitime que ceux-ci se soient réinstallés dans leurs anciens locaux. «Cette action n’est pas illégale. L’arrêté de péril concerne peut-être l’ensemble du marché mais il s’agit là d’un excès de précaution. La partie où nous sommes est tout à fait saine».

Le président de l’Union des commerçants, Abdelhac Abed propose même de faire le tour du propriétaire. Tout autour de la partie incendiée, ils ont levé un mur fraîchement crépi. «Nous avons aussi refait l’électricité qui était défectueuse depuis plusieurs années. Quand on aura fini les travaux, on invitera la commission de sécurité pour qu’ils constatent par eux-mêmes.» Les commerçants se disent même prêts à payer de loyer «moins les frais des travaux».

Pour l’heure, le propriétaire n’a pas l’air d’accord avec cette initiative : par trois fois il a tenté de faire fermer les lieux y compris avec l’appui des forces de police. «Quand ils ont vu notre détermination, insiste Omar Djellil, ils ont compris qu’il ne fallait pas insister.»

Car le propriétaire, Georges Dahan, a de vastes projets pour le site : il rêve d’un Marché du Soleil sur plusieurs niveaux avec un parking de 400 places en dessous. «Ce projet, c’est le palais des mille et une nuits, s’exclame Omar. Ils mettront des années à le finir. En attendant, les commerçants et leurs familles sont bientôt sur la paille».

Outre cet impératif économique, certains commerçants craignent de perdre tous leurs droits une fois leur baux éteints. «Le propriétaire faisait des baux de 24 mois. Pour certains, ils finissent dans un mois». Me Méjean les rassure : «Les baux sont gelés. Il ne peut pas vous jeter dehors.»
L’avocat entend bien porter plainte à son tour : «Il y a une enquête en cours concernant cet incendie. Nous voulons être partie civile pour avoir accès au dossier. Nous ferons également une action en référé concernant l’obligation de relogement.» En attendant, les commerçants sont dedans et continuent leur installation.

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Benoît Gilles -