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Oaï à Noailles

Mardi 26/02/2008 | Posté par Julien Vinzent

Marie Sengel nous plonge dans le quartier Noailles au coeur de Marseille, avec en prime un témoignage vidéo de Zouhaier, habitant le quartier.

En décembre 2007, Marie Sengel publie De gré ou de force, à l’heure de la réhabilitation, avec le photographe Franck Pourcel. Elle est anthropologue et doctorante à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales à Marseille. Mais elle insiste : ce livre n’est pas une étude anthropologique mais un outil pour les gens qui s’intéressent à Noailles. Surtout, c’est le fruit d’atelier collectifs et encore une fois elle insiste : tout ce qu’elle nous raconte, ce sont d’abord les habitants qui le disent.

J.V: Quel était l’idée de base du projet ?
M.S. : Tout d’abord donner la parole aux habitants du quartier. Il fallait casser cette image souvent donnée par les médias. Jusqu'à il y a peu, ils ne proposaient rien en dehors de clichés et d’un discours catastrophiste.

J.V : Que vous ont appris les habitants ?
M.S. : Justement que la réalité est plus complexe. C’est un quartier difficile à cerner. En partie à cause du regard extérieur porté sur leur quartier, les habitants ont parfois honte d’y vivre. A ce sentiment se rajoute la culpabilité pour ceux qui habitent des appartements vétustes : beaucoup s’en veulent de faire vivre leurs enfants dans des logements dangereux qui manquent d’air avec des champignons sur les murs, des plafonds dangereux. Un des habitants explique qu’il dormait tout habillé les jours de pluie pour pouvoir évacuer sa famille le plus vite possible si le plafond s’effondrait.  ! Pourtant, ils ne sont pas responsable cette situation. Ces logements datent tous des années 50 voire avant et il n’y a jamais eu de plan général de rénovation : ce sont donc les propriétaires eux-mêmes, parfois les locataires qui ont rénové les immeubles et les appartements. Au final, il y a de tout à Noailles, des logements de très bonne qualité comme des appartements vétustes.

J.V. : Pas tellement mitigé comme vision des choses
M.S : A première vue seulement. Il y a des habitants qui sont très heureux de vivre dans ce quartier qui a de réels atouts. Il ne viennent pas là par défaut, c’est souvent une étape cohérente dans la vie et les trajectoires des habitants. Ils sont dans l’hyper centre, proche de la bibliothèque Alcazar, du Vieux-Port et des commerces, de toutes les structures administratives. Ils sont au cœur d’un réseau d’informations, de logements, d’emplois… Ils demandent surtout à être pris en considération, qu’on leur dise pour une fois qu’ils comptent. Au lieu de cela, ils se sentent délaissés: il n’y a ni crèches, ni écoles par exemple. Une antenne du centre social du cours Julien a été mise en place et était très bien reçue par les habitants. Malgré les efforts déployés pour sa création, elle a été fermée. Du côté des politiques, personne ne s’est élevé contre ça.

J.V. : Quelles sont les conséquences de la réhabilitation et de façon plus générale de la politique de la Ville ?
M.S. : Comme souvent, cette réhabilitation se fait au détriment des populations concernées. On ne regarde pas ce qui fonctionne, ce que les habitants ont mis en place. On se focalise sur les logements vétustes en oubliant totalement l’espace public. A partir de là le projet est voué à l’échec. En revanche on ouvre la porte aux spéculations immobilières. Certains propriétaires se livrent à des chantages (un locataire a expliqué qu’il avait été menacé par son propriétaire d’être dénoncé à la DDASS  sous prétexte qu’il faisait vivre ses enfants dans un logement indécent !). Au point qu’il arrive que certains soient vu comme des mafieux, des dictateurs…
Les parents sont surtout préoccupés pour leurs enfants. Ils ont peur qu’ils grandissent au milieu de la délinquance : un enfant qui est en difficulté scolaire n’a pas le moyen de s’en sortir. A partir de là ; quels sont les modèles proposés ? Le modèle « classique » de réussite leur est fermé. En revanche, ils voient tous les jours un modèle plus accessible, qui devient au fur et à mesure plus cohérent : le trafic et le reste. C’est un cercle vicieux que dénoncent les adultes et les parents du quartier.

J.V : Qu’attendent les habitants des municipales ?
M.S : Franchement pas grand-chose. Actuellement on ne parle pas du problème des enfants, de politique publique, du logement, et on ne parle pas de Noailles de façon cohérente. Tout cela n’a rien de très rassurant.

EN PLUS un témoignage en vidéo de Zouhaier, habitant le quartier.


Propos recueillis par Julien Vinzent.

 

 

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Julien Vinzent -


Réactions des internautes

Cece
Mardi 26 Février 2008, 19:03
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Noailles l'authentique
C'est vraiment dommage ce qui se passe dans Noailles. Pourtant c'est un des quartiers les plus authentiques de Marseille. Le marché des Capucins est une merveille. Le seul où j'ai pu trouver des tomates de Provence et le seul qui pratique des prix raisonnables.

Marseille est souvent ingrate avec ses habitants.

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