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Qui est Ben Ali ?

Jeudi 10/02/2011 | Posté par Taha Jemili

DEPUIS TROIS SEMAINES, tout le monde connait Ben Ali et semble avoir toujours su qu'il était un dictateur. Taha, "opposant de père en fils" et exilé à Marseille, nous raconte pourquoi et comment Ben Ali exerçait le pouvoir.

En 1987, Ben Ali réussit son coup d’Etat contre Bourguiba, le premier président de la république tunisienne, aux manettes depuis 1956. Le 7 novembre 1987, il prend le pouvoir et lance un discours rassurant pour le peuple tunisien, annonçant un avenir juste, confortable et démocratique.

Après 23 ans de règne, le bilan de sa politique dévoile un peuple affaibli et une classe de pauvres grandissante quand les clans mafieux des proches de Ben Ali continuent à s’enrichir encore et toujours. Les injustices touchent toutes les familles, le chômage atteint un pourcentage record avec comme seule réponse, un vide terrible sur la scène politique qui poursuit sa trahison envers le peuple et amplifie sa propagande.

Au début des années 90, le pays traverse une crise de « terrorisme d’Etat ». Pour tenter de contrôler cette situation, le brillant élève Ben Ali, fort de sa formation militaire, met en application ses savoirs. Tout opposant à sa politique est jeté en prison, la censure est instaurée et le syndicalisme interdit. Le peuple est terrorisé.

Le RCD devient le parti unique sur la scène politique. Quelques autres petits partis sont autorisés et mis en avant pour créer l’illusion démocratique et permettre de justifier toute leur propagande. La France soutient et encourage ce régime à signer une convention avec l’Union européenne, récompensant la persévérance du bon soldat, et pour garantir les intérêts communs des deux pays.

Les Etats-Unis ne sont pas en reste et soutiennent également cette politique de maintien de l’ordre. Ben Ali devient l’expert en la matière et se voit encouragé par des aides américaines régulières pour poursuivre sa politique. La plupart des opposants tunisiens sont alors contraints de se réfugier dans les pays européens pour continuer leur combat.

Durant toutes ces années, la tension est montée, les militants des droits de l’Homme ont lancé de nombreux appels aux pays occidentaux qui soutenaient Ben Ali pour que ces derniers changent d’attitude envers le dictateur, pour exiger la libération des prisonniers politiques et que cesse ce terrorisme d’Etat. Mais les gouvernements occidentaux ont continué à rassurer la classe politique tunisienne au pouvoir. Ben Ali a toujours été considéré comme l’homme de la situation, le bâtisseur de la république moderne et de la démocratie modérée pour les pays en voie de développement.

« Nous n’avons pas les moyens de faire pression sur Ben Ali » a souligné Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères il y a quelques mois. Le bon élève a été présenté comme un exemple à l’ensemble des ONG, aux pays en voie de développement et au monde. Il a appliqué à la lettre la feuille de route du FMI, ainsi que les conseils des pays occidentaux point par point. Il a imposé des réformes dans tous les domaines, économique, social et politique. Il s’est ainsi garanti une place durable sur la chaise présidentielle et un avenir confortable avec sa famille.

Durant toute la dernière décennie, tout le monde a parlé du miracle tunisien, du bon Ben Ali qui réforme, guide son peuple vers l’avenir et mène une politique de développement.
Les rapports classent la Tunisie dans les meilleurs rangs mondiaux, devant le Portugal ou la Grèce.

Le 7 novembre 1987 représente une date historique pour les tunisiens, celle de la promesse de Ben Ali de semer pour le peuple, les graines de la démocratie. Le bilan est celui de la trahison, les graines semées n’étaient que celles de la terreur.

Suite au premier soulèvement à Gafsa début 2008 et au suivant du 17 décembre 2010, les opposants ont relancé leur appel à la communauté internationale. La porte parole de la France, la ministre des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, a répondu en soutenant très clairement la position de son pays vis-à-vis de Ben Ali, affirmant que la France n’avait pas de leçon à donner à ce dernier mais qu’elle pouvait lui apporter leur savoir-faire et du renfort en matière de maintien de l’ordre.

Le 14 janvier 2011, le peuple tunisien a, à nouveau, marqué l’Histoire en se révoltant contre Ben Ali et en l’écartant du pouvoir. Le bon élève a fui son pays comme un mercenaire. Sa mission est désormais terminée. Un mandat d’arrêt international a été lancé conte lui.

Il est du devoir de la France et de celui des Etats-Unis, pour se réconcilier avec le peuple tunisien, de ramener le dictateur dans son pays afin qu’il y soit jugé, pour que la démocratie s’inscrive réellement dans l’Histoire de la Tunisie et pour que le courage de son peuple soit enfin reconnu.

crédit photo : marcovdz

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Taha Jemili -