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"Sur un bateau, il faut amener l’équipe le plus haut possible"

Vendredi 08/06/2012 | Posté par Elina Baseilhac

Qui n’a pas rêvé un beau jour de mettre les voiles, et de partir voguer vers l’horizon ? Richard Sautieux n’a pas rêvé, il en a fait son métier et sa passion. Elina a rencontré ce skipper hors pair.

Sur les pontons, tout le monde connaît Richard Sautieux. À près de 65 ans, ce pied-noir d’origine, discret mais respecté, a entraîné les meilleurs et possède un palmarès bien rempli. Du 17 au 20 mai, pour la régate de la Semaine de Porquerolles, il navigue avec l’équipage du bateau Alizée, le 13 mètres de marque Xp. Le vendredi matin, juste avant le départ vers la ligne de course, il raconte comment il tire le meilleur de lui-même et de ses poulains.


Quel a été votre parcours vers le milieu de la voile?
J’ai toujours aimé le sport sous toutes ses formes. J’ai fait des études de professorat d’éducation physique et sportive. Je faisais de l’aviron, à l’origine. A 18 ans, j’ai eu la chance de rencontrer un régatier professionnel qui m’a fait entrer dans la voile.

Assez vite, j’ai décidé d’en faire ma profession. J’ai fait plusieurs courses comme équipier de base. A l’époque, c’était surprenant, il n’y avait pas beaucoup de gens qui faisaient ça. J’ai tout appris en dix ans, mais il faut être toujours à cent pour cent. Et on n’arrête jamais d’apprendre.


Comment êtes-vous arrivé aux courses de haut niveau ?
J’ai voulu voir le niveau au-dessus. Mon objectif, c’était de gagner l’Admiral’s Cup, qui n’existe plus aujourd’hui. Cette course se disputait par équipes de trois bateaux, en Angleterre. 15 à 20 nations étaient représentées. Je l’ai gagnée en tant que coach en 1991. C’est la seule fois où la France a gagné cette régate. J’ai fait aussi l’America’s Cup en 85 et 87. On a eu le meilleur résultat depuis longtemps pour la France.


Comment considérez-vous la voile, comme une passion ou un travail ?
La voile, c’est une passion. Il faut le faire à fond, sinon c’est pas la peine. Après, il faut gagner de l’argent. J’ai travaillé dans la construction de bateaux de prestige, j’ai aussi été maître voilier.

Ce que j’aime dans la voile, c’est être sur l’eau, la mer, la nature. Et c’est une confrontation avec les autres. La navigation, c’est le seul sport d’équipe mécanique : il y a le bateau et l’équipage. Nous, on utilise tout ça.


L’objectif sur un bateau est-il toujours de gagner ?
Toujours. On ne fait pas ça pour rien. Perdre, c’est mortel. On peut être content à condition qu’on ait tout fait, qu’on n’ait rien à se reprocher. Et puis, il y a aussi un paramètre chance. Mais la coupe, ca m’est égal.

Gagner, c’est partir d’un endroit et, dans un temps donné, arriver à un autre endroit. Le but, c’est de progresser, d’aller le plus haut possible. Aller ramasser les bouées, ça ne sert à rien.


Quelle est votre méthode d’entraînement ?
C’est amener les gens à travailler. Quand on répète les choses à quelqu’un une fois, deux fois, trois fois, à la quatrième, c’est fini. Ça doit être toujours une réussite au niveau de l’équipe. Il faut mettre les gens dans un cadre de travail et les laisser inventer leur mode de fonctionnement. Il faut les laisser vivre ensemble. Ce n’est pas parce que je suis à bord que ça va marcher.


Avez-vous déjà navigué avec des amateurs ?
Toute ma vie, j’ai été avec des amateurs. C’est pareil, le même fonctionnement. Je dois les amener à décider eux-mêmes. Je ne suis qu’un garde-fou. Ça me plaît d’avoir une bande de jeunes et de partir de zéro. Sur ce bateau, il y a des gens qui étaient avec moi il y a 20 ans.


Pratiquez-vous la navigation en-dehors des entraînements avec des équipages ?
Entraîner des équipes, c’est mon plaisir. Même si finalement l’équipe ne me convient pas, au début, c’est toujours bien. La navigation en solitaire, c’est moins passionnant. Tout seul sur un bateau, c’est moins drôle.

La croisière, je n’en fais pas du tout. Ou alors du convoyage, pour gagner ma vie. On voit des beaux couchers de soleil, mais c’est tout. Au bout d’un moment, c’est toujours pareil. J’aime bien aller à Porquerolles le week-end mais après, ce qui est pénible, c’est de rentrer avec le mistral en pleine face.


Pensez-vous continuer encore longtemps ?

Tant que je pourrai. C’est dur physiquement, d’être sur un bateau, même si on ne fait pas grand-chose. Mais si je ne fais plus ça, je vais m’ennuyer à la retraite !





Crédit photos : Elina Baseilhac



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