Aux Flamants, l'islam se vit en algéco
Samedi 21/03/2009 | Posté par Xavier Tracol (EJCM)
On parle souvent de « l’Islam des caves » : ça fait bien, ça montre qu’on connaît les problématiques qui entourent cette religion en France. Mais qui connaît l’Islam des Algéco ?
Pour arriver à la cité des Flamants, il faut prendre le bus 53, traverser le quartier de la Busserine et descendre au terminus. Une construction Algeco assez imposante trône au pied des tours. Une petite pancarte précise sa fonction : «Mosquée des Flamants». Intrigué, j’y suis retourné pour discuter avec un responsable.
Le gardien m’explique : «Ces préfabriqués appartiennent à l’OPAC qui les met à notre disposition le temps qu’ils rénovent la tour 10 dont nous occupions le rez-de-chaussée. Ici c’est provisoire». La tour 10, juste au-dessus de l’actuelle mosquée, est en effet un vaste chantier qui tire, lentement, à sa fin. «On doit réintégrer nos locaux en mars ou en avril», espère mon guide quui préfère ne pas donner son nom. Il m’explique que les frais d’entretien, d’eau et d’électricité sont à la charge des fidèles, réunis en association, mais que l’OPAC n’exige pas de loyer. «Ça va faire un an et demi que nous sommes dans ces Algecos, mais on ne se plaint pas, ils sont très pratiques, même si bien sûr, les locaux de la tour 10 sont plus vastes». L’hiver a été rigoureux mais les fidèles n’ont pas trop eu à se plaindre du froid grâce à une climatisation réversible installée par l’OPAC.
La visite se fait rapidement : après s’être déchaussé, on entre dans la pièce principale, la salle de prière pour les hommes. Des Corans sont posés sur des étagères et des chaises disparates sont alignées le long des murs pour les plus âgés. Au sol, on a tracé des lignes parallèles sur les tapis pour définir l’alignement des fidèles face à la Mecque. «On utilise une boussole pour être vraiment précis». L’alignement ne correspond pas vraiment à la disposition nord-sud de la pièce et on perd de la place mais c’est bien suffisant pour mon hôte : «en semaine, les prières ne rassemblent jamais plus d’une quarantaine de fidèles mais le vendredi, la mosquée voit affluer jusqu’à 140 personnes !».
Une salle d’eau jouxte la pièce principale. Elle est vaste et accueille plusieurs lavabos et bassines pour les ablutions rituelles de tous les hommes avant la prière. «Et pour les femmes ?». On traverse la mosquée dans sa longueur pour entrer dans le même genre d’espace en plus petit : «Comme dans toute mosquée, hommes et femmes sont séparés : ici elles disposent d’une salle d’eau et d’une salle de prière, elles ont même un micro ! C’est moins grand mais elles sont beaucoup moins nombreuses». Finalement, aux Flamants, la mosquée ressemble au reste de la cité : en chantier ! La cité fait partie des quartiers de Marseille qui doivent changer de visage grâce à la politique de rénovation urbaine de l’ANRU.
Avant de partir, je remarque un tableau lumineux à la décoration très chargée. Je comprends qu’il indique les horaires des différentes prières. La prochaine est à 15h53, il reste peu de temps avant l'arrivée des fidèles. Je file.
Xavier Tracol
Ceux qui ont lu cet article ont aussi aimé :
- Halal : Quand la loi du marché prend le pas sur le religieux - 22/11/10
- Grande mosquée : Une Arlésienne à Marseille - 07/11/11
- "Campagne Lévêque : J’y suis et j’y suis bien !" - 16/03/09
- La Busserine : du bidonville à la cité, (Épisode 1) - 26/02/09
- Mais où est donc Fathy Karkar ? - 14/02/09
- Où en est la Grande Mosquée de Marseille ? - 06/02/09
- Musulmane, mais pas prisonnière ! - 11/03/11
- Ed ou la chronique d’une fermeture annoncée - 26/05/09
- Oyez, oyez, gens de Frais Vallon… - 24/02/09
- La Busserine : du bidonville à la cité (Épisode 2) - 26/02/09
Réactions des internautes
Samedi 21 Mars 2009, 00:27
Signaler un abus
Nous sommes en France, pas dans les pays musulmans où la liberté de cultes et la tolérance à l'égard des religions autres que l'islam n'existent pratiquement pas, voire pas du tout.
En France, les catholiques ont leurs églises, les juifs leurs synagogues, les protestants et les bouddhistes leurs temples; et il y eu même à Castellane la secte du Mandarom lol.
Bref il devrait être normal que les musulmans aient de vrais édifices religieux et non pas des caves ou des réduits non adaptés comme des Algecos..
Certes se pose le problème des imams puisqu'il s'avère que la plupart sont d'origine étrangère et ne connaissent donc pas forçément nos principes républicains (comme le simple fait que le mariage civil soit célébré avant le mariage religieux).
Mais il existe désormais une formation d'imams républicains à l'Institut catholique de Paris qui permet d'éviter de se retrouver avec des imams fondamentalistes.
Sinon, à propos de l'orientation vers La Mecque, j'ai eu l'occasion de voir à Roissy CDG des tapis de prière avec boussole intégrée!..
Répondre -
Lundi 23 Mars 2009, 20:49
Signaler un abus
Re:
Je ne vois pas quel est le problème vis à vis de la liberté et de la tolérance, mais il se pose à mon avis surtout la question de l'égalité.L'état est indépendant de l'église, et plus largement des mouvements religieux. Il est surprenant de voir un service public (l'OPAC) financer des activités religieuses.
On peut se poser également la question de la légitimité du financement par l'état de l'entretien (onéreux) de nombreux bâtiments appartenant essentiellement à l'Eglise Catholique dans le cadre de la loi 1905.
Je pense qu'on peut tolérer un écart de la part de l'état quand il s'agit de favoriser l'intégration sociale et d'aider des quartiers qui en ont besoin. Mais ça reste hors du rôle de l'état que de participer au financement des cultes. Les croyants des différentes religions sont libres de dépenser leur argent pour construire leurs établissements, les athées sont libres de ne pas payer des impôts pour des services qui ne les concernent pas.
Le financement des établissement catholiques est plus choquant par son ampleur, mais difficile à remettre en cause tant les liens avec l'histoire et à la culture du pays sont importants.
Cet article soulève bien un débat sur les valeurs fondamentales de la républiques, mais je ne met donc pas le débat sur les mêmes valeurs que Roland.
Répondre -
Mardi 24 Mars 2009, 17:59
Signaler un abus
Re:
La vrai solution aux problèmes de locaux des religions, serait d'ouvrir des centres religieux sur le modèle des centres de santé. Chaque spécialité (pardon religion !) aurait son bureau, et ils se partageraient une grande salle vu qu'ils ne l'utilisent pas le même jour de la semaine.Et puis pour les grandes villes comme Marseille, où les croyances sont nombreuses et diverses, on les installerait sur des zones sur le modèle de Plan de Campagne On appellerait ça des ZAC, zone d'activités cultuelles à pas confondre avec culturelle ou commerciale... Bien que !
Répondre -