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L’insertion professionnelle par les planches

Vendredi 13/03/2009 | Posté par Sébastien Cahn (EJCM)

Et si le théâtre permettait de trouver un emploi ? Difficile à croire en ces temps de crise. Le comédien Hassen Saleh prouve le contraire. Entretien.

J’ai rendez-vous au Bar de la Marine, sur le Vieux-Port, avec Hassen Saleh. Nous arrivons tous les deux en même temps. N’ayant aucune idée de l’apparence de mon interlocuteur, je m’enquiers timidement : «Hassen ?» Ce dernier acquiesce et  me serre chaleureusement la main. A peine attablés, le tutoiement est déjà d’usage. En charge des ateliers Chants libres chapeautés par la Maison de l’Emploi, le comédien revient sur la manière dont il utilise le théâtre au profit de l’insertion professionnelle des jeunes en difficulté.

Marseille Bondy Blog : En quoi consiste ta méthode ?
Hassan Saleh: "Les jeunes qui viennent me voir sont pour la plupart dans un processus d’échec dont ils ignorent les causes. Par des exercices, j’essaye de les aider à déceler les blocages qui les empêchent d’avancer. J’utilise des jeux de rôles et l’identification à des personnages pour leur faire prendre conscience des traits de caractères qui peuvent poser un frein à l’embauche. Pour certains, il s’agit d’une timidité extrême, pour d’autres ça se traduit par une attitude rebelle. A la fin de l’atelier, ils savent sur quels aspects de leur personnalité ils doivent travailler pour progresser dans leur vie professionnelle.

A qui s’adressent ces activités ?
H.S.: La plupart des personnes concernées sont suivies par les PAPEJ (Points d’Accompagnement Prioritaire Emploi Jeune). Elles sont souvent déscolarisées, ou bien n’ont pas de projet professionnel précis. L’objectif consiste à les rendre autonomes lors de leur recherche d’emploi, et de les armer émotionnellement par rapport à l’entretien d’embauche. En moyenne, quatre jeunes sur dix ont retrouvé une activité et beaucoup d'entre eux ont repris une formation. Nous pouvons donc dire que les résultats sont satisfaisants.

J'imagine que tu rencontres aussi des difficultés…
H.S.: En effet. La  méconnaissance d’eux-mêmes qu’ont certains jeunes est un frein très fréquent. Moins ils se connaissent, et moins il est évident de les pousser à l’action. Certains d’entre eux ont eu un parcours tellement difficile, qu’ils perdent la foi. Pour eux, la session est plus laborieuse. J’ai du mal à leur faire accepter leurs défauts et à les débloquer. En général, la séance laisse tout de même des traces dans leur esprit.

Comment sont organisés les ateliers?
H.S.: Ils sont itinérants dans les quartiers et s’étalent sur deux jours. Ils  comptent dix à douze participants qui sont contactés par les animateurs référents des centres sociaux. Ils ont lieu en préparation de forums professionnels et petits déjeuners d’entreprise organisés par la Maison de l’Emploi et ses partenaires. Mon action dure une journée. Le jour suivant, un autre intervenant pratique des simulations d’entretien d’embauche.

A l'origine, tu es comédien. Comment es-tu arrivé sur ce projet ?
H.S.: Après avoir monté des pièces classiques avec ma compagnie, je me suis consacré à l'enseignement du jeu. En 2007, la Maison des Familles et des Associations et la Maison de l’Emploi ont fait appel à moi pour aider douze jeunes civils volontaires à se socialiser dans le monde professionnel par le théâtre. Au bout d’un an, la méthode a été jugée concluante. Dix d’entre eux avaient retrouvé du travail. Avec la Maison de l’Emploi, nous avons ensuite décidé de poursuivre l’expérience l’année suivante sous forme d’ateliers dans les centres sociaux. Ce qui ne m’empêche pas à côté de continuer à former des apprentis acteurs et de monter mes sketchs entre Marseille et Paris.

Et maintenant, comment vois tu l'avenir avec l’association Chants libres ?
H.S.: La première session vient de s’achever. Je devrais reprendre l'animation de ateliers à la mi-mars avec plusieurs changements. Une permanence des ateliers sera dorénavant assurée de manière hebdomadaire sur trois plates formes sur différents secteurs de Marseille. Nous avons aussi pour ambition de faire vivre l’expérience aux animateurs des centres sociaux pour qu’ils puissent mieux communiquer sur le sujet auprès des jeunes. Avec ces nouvelles mesures, nous espérons attirer 800 personnes dans le programme. Cela dit, nous poursuivons aussi des projets plus artistiques comme le développement de scénarii pour le cinéma, l’initiation au théâtre dans les écoles, ou l'enseignement professionnel de la comédie.


Propos recueillis par Sébastien Cahn (EJCM).
Vidéo:
Christophe Polard/Production : MDE (Maison de L'Emploi)

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Sébastien Cahn (EJCM) -


Réactions des internautes

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Dimanche 15 Mars 2009, 17:52
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Talentueux et généreux
Un bel article sur un homme talentueux et généreux Il faudrait qu'on le voit un peu plus à Marseille...
nul n'est hélas prophète en son pays. Les vrais artistes sont souvent discrets...trop loin de la dynamique marketing

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