C'est pas très halal tout ça !
Mercredi 03/11/2010 | Posté par Michael Couvret
À QUELQUES JOURS DE L'AÏD-EL-ADHA, des millions de musulmans s'apprêtent à consommer de la viande halal. Le MBB s'est donc lancé dans un reportage grand format en trois volets. Aujourd'hui, retour sur les certifications en cours dans les restaurants marseillais.
« C'est une histoire de confiance ». Au HFC (Halal Fried Chicken) du boulevard National, les clients viennent consommer des hamburgers halal en toute sérénité. Pourtant, il n'est, nul part, fait mention d'une quelconque certification halal. Sur les murs, une pub pour des sauces belges nous garantit bien quelque chose, mais on ne sait pas quoi. Finalement, la seule indication halal réside dans le nom du restaurant. Un manque de clarté qui amène de nombreuses questions. Bref, on nage dans le flou le plus total.
Rien d'étonnant. Aujourd'hui, n'importe qui peut ouvrir un restaurant halal, n'importe qui peut vendre de la viande halal et n'importe qui peut créer un organisme de certification halal. Le mot halal, au delà de sa signification religieuse (tout ce qui est autorisé), sert de garantie aux consommateurs. L'user à tort et à travers relève de la publicité mensongère. Pour constater ce délit, il n'existe pas de contrôle systématique, la répression des fraudes intervient de manière très sporadique, généralement, après une plainte .
La branche alimentation de la répression des fraudes, la DGAL, ne possède pas de service spécifique dédié à la nourriture halal. Dans une interview récente, Paul Mennecier, chef de service à la DGAL, affirme même que « la certification halal n'est pas encadrée par l'État ». Elle relève donc purement et simplement de l'action privée. Paul Mennecier va même plus loin en affirmant qu'en « terme de réglementation, il n'y a rien de différent entre les produits vendus sous certification halal et les produits vendus sans cette certification ». On en revient donc à cette histoire de confiance.
Une confiance que de nombreux consommateurs marseillais des KFC halal ont perdu. Empêtrés dans une tempête médiatique, les restos du colonel ont décidé de faire marche arrière et de retirer leur étiquette halal. Certes les poulets sont toujours certifiés, mais les responsables de la chaîne de restauration se sont aperçus que pour être réellement halal, il fallait remplir de nombreuses autres conditions. Le stockage, le conditionnement ou la manipulation des produits sont autant de paramètres à prendre en compte. N'est donc pas halal qui veut.
Mais tout n'est pas noir. Il existe aujourd'hui quelques organismes qui ont fait leur preuve. AVS ou HMS en font partie, mais encore une fois, impossible d'assurer la traçabilité du produit. Pourtant, selon une note interne à la DGAL que nous avons retrouvée, il est bien stipulé que tout exploitant est tenu de fournir les noms et adresses de ses fournisseurs et de ses clients, ainsi qu'une preuve de la transaction et de la livraison. Malheureusement, comme on a pu le voir dans le reportage récemment diffusé par canal + (voir les vidéos), ces éléments sont facilement falsifiables. Il est même possible de fabriquer un certificat sur Internet. Alors qui croire ?
partie 1
partie 2
Ceux qui ont lu cet article ont aussi aimé :
- C'est pas très halal tout ça ! - 30/12/10
- Halal : Quand la loi du marché prend le pas sur le religieux - 22/11/10
- Une semaine pour les femmes - 06/03/11
- Les Calanques : Un rare espace de liberté - 29/09/10
- Un don qui exige un peu de sang froid - 05/05/09
- Farid Hatchane donne tout pour le marathon de Marseille - 24/04/09
- J'ai testé pour vous... les piscines de Marseille - 01/04/09
- Le bonheur est dans le bidonville - 04/03/09
- Rois et reines de la fripe - 29/12/11
- Refaites le mur ! - 12/07/11
Réactions des internautes