Coup de mistral : un gouvernement fasciste ?
Lundi 06/09/2010 | Posté par Michael Couvret
LES INITIATIVES POUR DÉNONCER les dérapages verbaux et la politique sécuritaire du gouvernement se multiplient. De l'adjoint au maire UMP Maurad Goual aux manifestants de samedi, les Marseillais clament leur mécontentement.
« Vichy c'est fini, Sarko ça suffit ». Samedi dernier, des milliers de manifestants défilaient dans les rues de Marseille, entre le vieux-port et la préfecture. Ils souhaitaient dénoncer les propos et les actes d'un gouvernement, engagé toutes voiles dehors dans le désormais sacro-saint discours sécuritaire. Les Roms étaient évidemment au centre de l'attention.
Il faut dire que la discrète chasse à l'homme, menée cet été dans les rues marseillaises, n'a rien fait pour arranger les choses. M. Fathi Bouaroua, directeur de la Fondation Abbé Pierre de Marseille a même été jusqu'à accuser le gouvernement d'organiser un « régime de la terreur ».
Il faut dire que la discrète chasse à l'homme, menée cet été dans les rues marseillaises, n'a rien fait pour arranger les choses. M. Fathi Bouaroua, directeur de la Fondation Abbé Pierre de Marseille a même été jusqu'à accuser le gouvernement d'organiser un « régime de la terreur ».
Nazisme, fascisme, résistance, racisme, terreur, les mots qui ont volé dans les rangs de la manifestation font frémir. Le champs lexical utilisé peut, à première vue, paraître exagéré. C'est le genre de propos généralement tenus par des personnes qui n'ont pas d'arguments, quand le fameux point Godwin est atteint. Peut-on réellement et objectivement taxer le gouvernement de fasciste ?
L'utilisation de charters, une pratique qui jusqu'à 2002 était tout simplement inimaginable, se banalise. L'article un de la constitution française, traitant de l'égalité « sans distinction de race, de religion ni de croyance », ne semble pas être l'une des principales préoccupation de notre Président ou de notre ministre de l'Intérieur. Le terme « déchéance de nationalité » est ressorti des cartons pour la première fois depuis... je vous laisse deviner. Les discours amalgamant immigration et délinquance sont monnaie courante.
Pour se défendre, le gouvernement fait la sourde oreille. L'exemple le plus flagrant est le dédain affiché au lendemain de ces manifestations par Brice Hortefeux. Celui-ci s'en est amusé et a estimé que les organisateurs devaient être déçus. Effectivement, en sillonnant le cortège à la recherche de témoignages, j'ai rencontré des gens déçus. Déçus d'être français. Ces gens sont de tous horizons, politiques, syndicalistes, professeurs, acteurs du milieu associatif, mais aussi des citoyens lambda. Des citoyens qui ne comprennent pas ces discours haineux, qui estiment que l'immigration clandestine ne justifie pas tout. Surtout pas les actes inhumains.
La position de M. Hortefeux est délicate et l'attitude arrogante adoptée face à un sujet aussi grave le décrédibilise encore un peu plus. Car, pour la première fois depuis longtemps, ces gens ne manifestaient pas par intérêt personnel, comme ils pourront le faire le 7 septembre. Ils étaient là pour défendre un idéal, les valeurs de notre République.
Mais le rappel à l'ordre ne vient pas que de la rue. Les critiquent fusent de partout. Même au sein de l'UMP, des voix dissonantes s'élèvent. C'est le cas de l'adjoint au Maire UMP Maurad Goual, qui vient de porter plainte contre la Mairie pour incitation à la haine raciale et de fonder, dans la foulée, un « collectif républicain, citoyen et représentatif du panel des communautés marseillaises ».
Alors, fasciste le gouvernement ? Un pays comme la France, aussi ouvert, regorgeant de richesses culturelles et intellectuelles ne doit pas laisser planer le doute ne serait-ce qu'une seule seconde. Et pourtant, à Rome, Madrid, Londres, Belgrade, Budapest ou encore Barcelone, des milliers de gens ont pointé du doigt notre politique intérieure. L'image de la France est ternie, froissée, abîmée. Et ça, c'est bien plus grave que de voir 23 gars sécher un entraînement de foot. Pourtant, à l'époque, les politiques s'étaient empressés de les accuser de salir l'image de la France. Ce n'était que du foot, il n'y avait pas de vies humaines en jeu. Simple rappel.
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Réactions des internautes
Mardi 7 Septembre 2010, 10:30
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Bref quelle hypocrisie !!!
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Mardi 7 Septembre 2010, 10:32
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Re:
PS : le lien du site Le courrier des Balkans dénonçant ces expulsions survenues cet été en France http://balkans.courriers.info/article15734.htmlRépondre -
Jeudi 9 Septembre 2010, 10:49
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Re:
C'est certain, les maires de tout bord et notamment de gauche, ont toujours eu des difficultés à gérer la problématique des gens du voyage. Après, je ne pense pas qu'on gère une mairie (problématiques locales) comme on gère un pays (problématiques globales). On ne peut pas gérer au cas par cas depuis l'Elysée et donc il est impossible de prendre de telles décision sans, à un moment, stigmatiser les gens du voyage.Je n'étais pas au courant de cette histoire avec Jean-François Khan. Enfin, que certains politiques de "gauche" aient des idées de droite n'est pas nouveau. On sait comment se fait la répartition de nos "élites" entre les partis... Je ne sais pas s'il faut s'en réjouir. Le fait que la gauche pourrait hypothétiquement (puisqu'ils ne sont pas au pouvoir) agir de la même sorte sur ce sujet, ne change rien au fait que les propos tenus actuellement par le gouvernement sont plus que limites et méritent d'être dénoncés, ne serait-ce que pour les événements passés auxquels ils font tristement écho.
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