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Coup de mistral : Marseille se "boboïse" !

Lundi 06/12/2010 | Posté par Michael Couvret

A L'HORIZON DE 2013, Marseille se lance dans de nombreux projets de rénovation du centre ville. Un nouveau cinéma, des rues propres, des voyous « karchérisés », des pauvres expulsés, Marseille se transforme et les Marseillais devront changer.

Un quartier latin et une Rambla. Marseille copie. Au risque de perdre son identité culturelle ? Ce qui est sûr, c'est que les projets de piétonisation du vieux-port et de l'aménagement du haut de la Canebière sont dans le flou le plus total. Le haut de la Canebière, aux pieds de l'église des Réformés attend depuis des années un geste de la ville pour connaître son destin. La mise en place du tram devait amener commerces et clients. En réalité, le quartier semble tomber lentement dans une implacable léthargie.
L'exemple le plus frappant est sans doute le cas du Capitole, ce cinéma emblématique, victime d'une guerre intestine entre la ville et le groupe cinématographique UGC. Quelques mois avant la fermeture du multiplex, plusieurs projets d'envergures sont envisagés. Un Hard Rock café, comme celui de Göteborg (encore une comparaison), une résidence étudiante avec restaurant universitaire et l'agrandissement de la librairie Maupetit. Trois ans plus tard, on en est au même point, et au moment où l'on évoque un quartier latin, on ressort les vieux dossiers. Il ne faut pas oublier, pourtant, qu'il y a un an, Mennucci avait enterré ces projets, faute de subventions de l'État.
Certes, un nouveau complex cinématographique devrait voir le jour dans les locaux aujourd'hui occupés par la mairie du secteur, mais ce projet sera-t-il suffisant ? Est-il réellement possible de transformer le 
« quartier rouge » de Marseille en quartier étudiant-intellectuel ?

Opérations nettoyage
Pour cela, il faudrait que l'opération nettoyage de la ville se poursuive. Un nettoyage entamé, il y a quelques années, rue de la République, avec le résultat que l'on connaît. Si certains ont perdu leur logement, qu'ils se rassurent, ils peuvent aujourd'hui aller déguster un « starbuck » café dans un immeuble haussmannien.
L'opération nettoyage, c'est aussi l'étau qui se resserre autour de la communauté urbaine MPM. Une affaire qui n'en finit pas de faire parler sur le vieux port et qui embarrasse le microcosme politique marseillais.
L'opération nettoyage, c'est encore les CRS envoyés en renfort à Marseille, qui traquent les petits revendeurs de shit, à la recherche de kalashnikov. Dernier volet de ce show politico-sécuritaire, la « spectaculaire descente » à La Castellane, maison de Zizou et des dealers. Pas moins de 200 CRS et 50 policiers ont occupé le quartier pendant plusieurs heures. Résultat, deux personnes ont été placées en garde à vue, pour « infraction à la législation sur les stupéfiants ». C'est ce qu'on appelle de l'efficacité.
Finalement, tout va bien à Marseille. Dans deux ans, la ville sera prête, elle pourra recevoir les bobos du monde entier et leur montrer combien elle s'est conformée à l'art de vitrines. Elle ne sera plus cette ville grouillante et pleine de vie, où les cultures s'échangent librement, non, elle sera une ville de musées, comme les autres.

Crédit photo : Flickr - Christo Bakalov

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Michael Couvret -


Réactions des internautes

Louis
Lundi 6 Décembre 2010, 11:35
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 Après l'invasion bobo au Cours Julien, le mal s'étend. Enfin... une fois que tous les pauvres auront été évacués de la ville et que les Marseillais auront un accent parisien, peut-être que Gaudin et sa clique seront contents. Moi, j'aime bien Marseille comme elle est, avec ses Marseillais qui viennent d'endroits tellement différents que j'ai oublié quelle était ma couleur, avec ses engueulades à deux heures du matin pour les motifs les plus absurdes du monde, son équipe de foot que même ceux qui ne peuvent pas encaisser ce sport aiment voir gagner, ses techniques de drague surréalistes, ses tags sur chaque mur de la ville, sa mauvaise réputation...

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Nightbird
Mercredi 8 Décembre 2010, 09:49
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Re:
Bonjour Louis,

A chacun des affinités et à chacun ses goûts, je suppose !

Moi toute ma famille est marseillaise et mes grand-parents habitent un groupe d'immeubles des quartiers Nord depuis quasiment leur naissance. Ils sont d'origine italienne et kabyle. Mon grand-père toute sa vie a travaillé comme ouvrier sur le port autonome à la Joliette.
Personnellement j'ai quitté Marseille récemment. J'avais été contraint d'y revenir après 8 années de vie en Haute-Savoie. Je dis bien "contraint".
Quitter Marseille fut pour moi de tout temps un objectif prioritaire, et quand j'ai pu concrétiser mon départ, je l'ai vécu comme une délivrance. Car contrairement à vous je ne supportais plus de voir le climat se dégrader dans les quartiers, notamment le paisible groupe d'immeubles qui abritait quelques centaines de familles immigrées italiennes dès l'entre-deux-guerre, désormais peuplé par des hordes de d'jeuns à cyclo qui se battent quotidiennement pour des futulités, emmerdent par leurs cris et le vacarme de leurs engins, c'est le mot le plus approprié je crois, les gens qui osent réclamer leur droit au sommeil la nuit, où ma grand-mère s'est faite pour la 1ère fois de sa vie agresser par deux fois en juillet dernier dans sa cage d'escalier par de gentils d'jeuns venus des cités voisines qui l'ont bousculée et jetée dans l'escalier pour lui piquer son cabas; A 88 ans elle a mis un peu de temps à s'en remettre.
Personnellement j'ai habité la Plaine deux ans et demi. Et ce qui m'a d'abord frappé cest pas la boboïsation du cours Julien mais l'odeur de pisse, d'excrêments et les ordures que du matin au soir et quasiment 7 jours sur 7 vomissaient des poubelles pleines. Au cours Julien, dans le parking souterrain de ce cours, dans ma rue à deux pas de là.
C'est le slalom obligé entre les merdes de chiens sur le trottoir pour sortir de chez soi et y rentrer.
C'est au cours Julien, des tenanciers de bar qui accueillent le client en terrasse sans avoir toujours pris le soin de nettoyer les papiers gras et les crottes des clébards sous les tables. Il faut le vivre !
C'est le degré inouï de saleté qui marque la Plaine à l'issue des marchés qui se tiennent en semaine un jour sur deux et le temps non moins stupéfiant que mettent les nettoyeurs à redonner à cette place un visage à peu près décent.
Ce sont, comme vous le dites, des engueulades à deux heures du matin pour les motifs les plus absurdes peut-être mais pas sans conséquences ni sur le stress induit sur le voisin ni sur les personnes impliquées elles-mêmes. Certains de mes potes pompiers pourraient vous en raconter pas mal sur l'horreur concrète de certaines situations liées à la misère sociale, économique, et quelquefois tout bonnement culturelle et intellectuelle de quelques-uns qui peuplent ces quartiers.
On peut y trouver son bonheur, certes, et même nourrir et cultiver son goût pour l'exotisme de ces situations plus souvent objectivement dramatiques que cocasses.
Il n'en reste pas moins qu'exceptionnels sont les touristes qui issus d'autres régions et d'autres villes moins "savoureuses" que la Marseille de votre description repartent de leur séjour, en général fort bref, dans la Cité Phocéenne avec un goût amer aux lèvres et la conviction que la réputation peu fameuse de cette métropole n'a rien ou à peu près rien d'usurpé.
Je passe sur l'impossibilité ou presque qui plus d'une fois m'a fait sortir de mes gongs de se faire servir au restaurant passé 21 h 30 et le désert que représente le centre-ville en mode nocturne, plus qu'étonnant pour une métropole de cette taille.
Je passe sur les horaires de fonctionnement du métro, récemment modifiés mais qui n'en restent pas moins relativement peu commode en regard de ce qu'ils devraient être si je compare la situation avec d'autres grandes méropoles françaises.
Je passe sur les trafics en tout genre et la corruption que l'on sait sévir dans notre "bonnnnnne ville de Marse-eeeiiillle", qui ne m'inspire nulle sympathie.
Bref ! Je me souviens du temps où lorsqu'en hiver je sortais du lycée à la nuit tombée et piquait un sprint pour chopper le train qui me ramènerait de la gare saint-Charles au domicile de mes parents il nous fallait déjouer, les copains et moi, l'attention du groupe de petites frappes qui venaient racketter régulièrement les élèves à la sortie du lycée.
De longs séjours dans d'autres régions et d'autres villes de France et d'ailleurs m'ont appris que tout cela n'avait rien de "normal" et d'inéluctable et que d'autres situations moins savoueuses, sans doute, mais hunmainement moins pénibles à endurer au quotidien existent dont l'exemple ne serait pas sans intérêt à la cité de ma naissance. Pour un non-Marseillais, il est souvent fort difficile de s'acclimater et de se plaire à Marseille.
Mon point de vue, vous voyez, est un peu différent du vôtre mais je ne doute pas que vous soyez une personne tolérante et respectueuse des opinions d'autrui, suffisamment pour m'accorder que pour différent qu'il soit ce point de vue vaut bien le vôtre.
Coridalement.

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Louis
Mardi 14 Décembre 2010, 20:35
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Re:
 Bah... la plaine c'est pas si terrible. A Noailles il y a des soirs ou il faut se faufiler entre les montagnes d'ordures en tout genre, tout en évitant les attaques de rats. Mais peut être que le fait d'avoir pas mal voyagé me rend plus tolérant. Bien sûr, ça pourrait-être mieux, mais j'aime bien la ville comme elle est. On peut bien sûr envisager des solutions pour améliorer la vie à Marseille, mais virer les plus pauvres pour les remplacer par des gens plus présentables n'en est pas une.
Mais je comprends votre point de vue, je connais pas mal de gens qui pensent comme vous.

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