Coup de mistral : La crise sociale prend de l'ampleur
Lundi 04/10/2010 | Posté par Michael Couvret
Transports maritimes bloqués, Monoprix fermés, MPM en colère, Ryanair chahuté, réforme des retraites contestée, à Marseille la rentrée sociale est turbulente.
Les conflits sociaux poussent comme des champignons. C'est l'automne et Marseille vacille. La semaine dernière est venue conclure un mois de septembre pour le moins agité, avec en point d'orgue, le blocage du grand port maritime de Marseille-Fos.
La semaine avait bien commencé, avec les « tatas » marseillaises qui annonçaient la reconduite de la grève. Plus d'une centaine de cantines ont ainsi fermé leur portes pendant plusieurs jours. Le motif principal de la grogne est encore la réforme des retraites, au grand dam des parents qui ne comprennent pas que ce mouvement s'installe dans la durée.
Un peu plus tard, on apprenait que la grève des employés de Monoprix allait prendre une tournure judiciaire. La direction du magasin du Prado n'ayant rien trouvé de mieux que de poursuivre les grévistes en référé pour entrave à la liberté du travail. Les employés du Prado, en grève depuis le 16 septembre, ont été rejoints par ceux de Castellane et de la rue de Rome. Les revendications ? De meilleures conditions de travail et une augmentation salariale. Ce conflit n'est pas sans rappeler celui des caissières de Carrefour grand Littoral qui avaient cessé de travailler pendant 16 jours en février 2008. Ce mouvement social sans précédent avait alors eu un impact national.
Toujours le mardi, le parquet d'Aix décidait de mettre Ryanair en examen pour « travail dissimulé, prêt illicite de main d'oeuvre, emploi illicite de personnel naviguant, entrave au fonctionnement du comité d'entreprise, aux fonctions de délégué du personnel ainsi qu'à l'exercice du droit syndical », rien que ça. En mai dernier, Ryanair avait déjà menacé de quitter Marseille, ne supportant pas ces accusations. La compagnie du fantasque Michael O'Leary devait d'ailleurs se prononcer sur ce départ dans la semaine, ce qui n'a pas été fait. Il faut dire que la pression est énorme, vu qu'un terminal d'aéroport tout neuf a été construit pour satisfaire essentiellement l'activité de Ryanair. Le terminal MP2 surprendra plus d'une personne habituée à prendre l'avion. Ici pas de check-in, ni de place attribuée dans l'avion, le personnel parle rarement français, même pour les vols intérieurs, une révolution !
Le jeudi c'est au tour des syndicats de Marseille-Provence-Métropole de monter au créneau. Ils manifestent au Pharo pendant le conseil de la communauté urbaine. Le mot d'ordre est de « lutter contre le clientélisme dans les collectivités territoriales », un vaste programme. Nul doute qu'Eugène Caselli, président de MPM, a apprécié l'attaque. Une action plus vaste n'est pas à exclure, rappelons que MPM prend en charge l'aménagement de l'espace, la protection de l'environnement et les transports marseillais (sujets on ne peut plus sensibles).
Le clou du spectacle, ce devait être la grande manifestation contre la réforme des retraites de samedi. Mais, englué dans une bataille de chiffre, le conflit semble être au point mort, chaque partie ayant décidé de camper sur ses positions. Non, la véritable vedette de cette grande rentrée sociale, c'est le mouvement de protestation contre la réforme portuaire. Les Corses n'ont plus d'essence, l'Etat intervient et les pauvres « croisiéristes » n'ont pas pu débarquer (voir la très bonne photo de cet article). Contrairement aux autres conflits, sans vouloir faire injure aux « tatas » et aux caissières de Monoprix, le rapport de force est du côté des grévistes. On le sait, à Marseille, les dockers finissent toujours par avoir gain de cause. Combien de temps le port de Marseille-Fos restera-t-il bloqué ? La seule chose qui pourrait faire fléchir les grévistes, c'est la mauvaise image dont jouit aujourd'hui ce port, avec cette action de la dernière chance, les dockers risquent de se tirer une balle dans le pied.
Voilà une semaine agitée autour du Vieux-port, heureusement, la municipalité n'est pas en reste, puisqu'elle a annoncé un changement de politique... sur la gestion des déjections canines. Trêve de plaisanterie, Marseille se retrouve en ce début d'automne, dans une situation délicate, la pression monte et le couvercle de la marmite est coincé.
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Réactions des internautes
Vendredi 8 Octobre 2010, 13:44
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enjeu politique
Juste un petit détail, c'est aussi MPM, et non la municipalité, qui s'occupe des déjections canines en ce moments dans le 5è. Ce qui, justement, énerve les élus municipaux de l'UMP, qui accusent MPM d'utiliser les crottes de chien à des fins électorales....Vu l'importance de tels enjeux politiques, j'ai préféré noter la précision.
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Vendredi 8 Octobre 2010, 17:42
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Re: enjeu politique
Merci Jan Cyril pour la précision, c'est vrai faut pas confondre les deux, l'enjeu est de taille!Répondre -