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La Commune de Marseille - Episode 2

Mardi 02/08/2011 | Posté par Jan Cyril Salemi

LES SÉRIES DE L'ÉTÉ - LA COMMUNE DE MARSEILLE. JAN CYRIL POURSUIT SON VOYAGE DANS LE TEMPS, cette semaine, l’été 1870. Napoléon III vient de déclarer la guerre à la Prusse en espérant ainsi détourner l’agitation sociale qui couve dans tout le pays. A Marseille, après une brève euphorie patriotique, la colère populaire gronde.

Le 7 août 1870, au lendemain de la défaite de Forbach, une immense manifestation se dirige vers la Préfecture. 40 000 personnes sont rassemblées, le cortège est mené, entre autres, par Gustave Naquet, un journaliste, et Gaston Crémieux, surnommé en ville l’avocat des pauvres. Le bâtiment de la Préfecture, achevé en 1867, est le symbole même de l’Empire que rejettent tous les manifestants. Ce palais, au coût faramineux, a été édifié avant tout pour rappeler à Marseille l’autorité du pouvoir central. La foule, réunie sur le parvis, crie sa colère.

Gustave Naquet, rédacteur en chef du journal “Le Peuple”, lance un discours hostile au régime impérial. Son arrestation, le soir même, pour “cri séditieux et offense à l’Empereur”, sera le détonateur de la première tentative d’insurrection. Les groupes républicains et socialistes forment alors un Comité d’action révolutionnaire qui, le lendemain, 8 août, mène une marche vers l’Hôtel de Ville. Les portes de la mairie cèdent facilement, et, acclamés par les manifestants, les membres du Comité révolutionnaire s’emparent du pouvoir. Une Commission s’installe, la toute première Commune populaire vient de naître.
La Commission compte de nombreux adhérents à l’Internationale, et regroupe à la fois des ouvriers, des professeurs, des journalistes, des avocats. A sa tête se trouve l’homme qui va devenir le personnage majeur de tous ces mois d’émeute : Gaston Crémieux.

Le but déclaré de ce gouvernement éphémère est d’organiser la défense de la ville. Mais au bout de quelques heures, la police donne l’assaut. Les insurgés sont arrêtés et conduits en prison. L’expérience fut brève, mais elle va souder l’ardeur révolutionnaire pour les mois à venir.
Le 10 août, l’état de siège est décrété à Marseille. Toute manifestation est interdite, l’Empire, qui vit ses derniers jours, tente de reprendre la main et d’imposer l’ordre. Le 27 août, les insurgés de la mairie sont jugés en Conseil de Guerre. Treize personnes sont finalement condamnées à des peines d’un mois à deux ans de prison. Crémieux écope de six mois de détention. Le verdict, plutôt clément, suscite pourtant l’indignation, et l’avocat en tire encore un peu plus de popularité auprès des Marseillais.
Huit jours plus tard, le 3 septembre, quelques rumeurs sur la situation au front commencent à parcourir les rues. Le 4 septembre au petit matin, des affiches recouvrent les murs, annonçant la débâcle de l’armée à Sedan et la capture de Napoléon III. Dans la journée, tous les symboles impériaux de la ville sont attaqués. Les aigles, les statues, les fresques, tout est détruit dans une grande effervescence. La ferveur républicaine est partout, et sur le balcon de la mairie, les Marseillais proclament la République.

Le soir, dans l’enthousiasme général, l’annonce est faite que la République est proclamée à Paris, et que s’est constitué un gouvernement de la défense nationale. Des milliers de personnes sont dans les rues. Elles marchent jusqu’à la prison et libèrent tous les insurgés du 8 août. Pendant toute la nuit, la liesse gagne la ville et les manifestants finissent par se rassembler devant le dernier symbole impérial encore debout : la Préfecture. Le 5 septembre à l’aube, la foule enfonce les portes et envahit la Préfecture. Le préfet, représentant en chef du pouvoir central, échappe de peu au lynchage et prend la fuite. Le peuple tient sa revanche, il occupe le palais-forteresse du régime impérial. La République est fragile, la nation est vacillante, la patrie est menacée, et Marseille s’apprête à vivre quelques semaines de véritable autonomie.

(à suivre...)

Crédit photo : marcovdz

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