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"La jeunesse porte la Révolution"

Vendredi 27/01/2012 | Posté par Emilie Delrieu et Patricia Noun (EJCM)

Une fois par mois, la bibliothèque de l'Alcazar accueille les mardis du MUCEM, des rencontres-débats autour des civilisations de la Méditerranée. La semaine dernière, une conférence, "Les Révolutions Arabes, un an après", était au programme, avec pour invité, l'historien Jean-Perre Filiu. Patricia et Emilie y assistaient.

La salle de conférence de l’Alcazar est comble, rappelant les liens privilégiés de Marseille avec ses voisins méditerranéens. La moyenne d’âge du public avoisine la cinquantaine. Nombreux sont venus chercher des éléments afin de dresser un bilan sur l’état du monde arabe. Un an déjà que l’on parle de la "Révolution du Jasmin", mais quelles conclusions peut-on tirer aujourd’hui du soulèvement démocratique ? Que dire après les résultats des élections au Maroc, en Egypte ou en Tunisie ?

Pour Jean-Perre Filiu, historien, arabisant, et professeur à Sciences Po-Paris, cette Révolution est un "mouvement révolutionnaire qui transcende le Monde Arabe, du Maroc au Golfe", et qui s’inscrit dans le temps. Les élections libres marquent une première victoire mais le vrai changement s’inscrira dans la durée. Cela ne l’inquiète pas. C’est une "volonté de reconstruire la société par le bas".

La génération Facebook
Ponctué par la projection d’images d’archives de l’Institut National de l'Audiovisuel, dont une datant du 6 février 2011 et intitulée "l’Egypte en marche pour la Révolution" (en référence à l’appel lancé sur le site communautaire Facebook), le discours de J-P Filiu attire notre attention sur la place des jeunes dans ces Révolutions, par la musique, l’art mais aussi via les réseaux sociaux : "La jeunesse porte la Révolution", affirme l'historien.

La génération Facebook a joué un rôle indéniable. Internet a rassemblé les jeunes, engagés pour l’avenir de leur pays. Bravant les interdits, les internautes révolutionnaires ont exprimé leur engagement sur la toile. Cela a été un moteur, qui a trouvé une répercussion dans tout le monde arabe.

Twitter et Facebook ont permis d’exprimer des idées, de commenter les évènements en cours, d’organiser des manifestations, de poster des vidéos, et de faire comprendre au monde entier ce qu’il se passait, au travers de la vision des jeunes du pays, et non de celle des médias traditionnels.

La toile a représenté un fabuleux média, libre de toute censure, malgré les nombreuses tentatives par les autorités de fermer l’accès aux réseaux. Un média ou tout le monde parlait la même langue : un arabe laïque et moderne, le nouvel arabe de l’Internet.


La bande son de la Révolution
J-P Filiu souligne également l’influence de la musique rap - style musical qu’il affectionne particulièrement - et de ces jeunes rappeurs arabes qui utilisent la musique comme tribune politique.

Avant d’être interdite sur les réseaux sociaux, cette vidéo, sortie en décembre 2010, du rappeur tunisien El Général, est relayée par la chaîne de télévision locale Tunivision, ainsi que par la chaîne panarabe Al-Jazira. Selon le magazine américain Time, ce titre incarne "l’hymne de la Révolution du Jasmin".



En conciliant dimensions festive et esthétique de la protestation, le rap a "donné la parole à la jeunesse arabe", tout en constituant un vecteur puissant de messages politiques et sociaux. Que ce soit pour défendre la cause du peuple ou condamner la classe politique, le rap permet "l’expression d’une certaine radicalité" autour de thèmes qui rassemblent : revendications sociales, appels à la révolte ou encore hommages aux manifestants.

En provenance de Tunisie, d’Egypte, ou de Lybie, les chansons des rappeurs ont transcendé les frontières et continuent encore de souffler sur les braises de la Révolution.



Mais à cette conférence, où sont les jeunes ? 
Ils sont bien peu nombreux à s'être déplacés… mais ils trouveront probablement les informations qu’ils recherchent sur Internet, avant de commenter sur les réseaux sociaux.





Crédit photo : Amine Ghrabi
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Emilie Delrieu et Patricia Noun (EJCM) -