Amal, journaliste tunisienne : "Aujourd'hui je ne me sens pas libre"
Jeudi 05/01/2012 | Posté par Adeline Raynal
SELECTION 2011 - OCTOBRE -- "Quelles évolutions pour la liberté de la presse depuis les révolutions arabes ?" Tel était le thème du troisième débat des Journées du Grand Reportage organisées la semaine dernière par le Club de la Presse Marseille Provence Alpes Sud. Adeline y assistait.
Samedi 15 octobre vers 15h30. Nous sommes au moins une quarantaine de personnes à nous installer dans de grands fauteuils en cuir couleur camel au siège du Conseil Général. Dans la salle de conférence, on trouve : des retraités, des étudiants, de simples curieux, des personnes engagées dans diverses causes... A l’image de cette dame qui a pris soin de distribuer des tracts d’invitation à un débat "contre la banalisation des idées d’extrême-droite" devant la sortie du métro St Just avant de venir se glisser dans la salle.
Du coté des intervenants, c’est un quatuor de quatre femmes, toutes journalistes dans des pays arabes, qui s’installent face à l’assemblée. C’est Jacqueline de Grandmaison, vice-présidente de l’Union des Clubs de la Presse de France et Francophones, et délégué régionale de Reporters Sans Frontières, qui occupe la place d’animatrice du débat.
Parmi les questions soulevées, celle de la situation actuelle des médias dans les pays touchés par le printemps arabe. Amal Bejaoui, journaliste à l’Agence Tunis Afrique Presse et membre du comité constitutif du premier syndicat des journalistes tunisiens, prend la parole la première. "Intégrer la liberté de la presse dans la nouvelle Constitution tunisienne est un souhait, mais pour l’instant seul un code de la presse a vu le jour. Certains sujets comme celui de la corruption restent difficiles d’accès", explique-t-elle.
Des militaires censeurs en Egypte
"La structure médiatique n’a pas beaucoup changé depuis la chute d’Hosni Moubarak en février dernier. Les chefs militaires ont accès aux imprimeries de presse et assurent le rôle de censeurs", ajoute Samar Al Gamal, directrice de rédaction adjointe à Al Ahram Hebdo, en Egypte. Selon elle, toutefois, les rédacteurs en chef, anciens partisans du régime, ont quasiment tous quitté leurs fonctions, contrairement à ceux en place en Tunisie.
"Aujourd’hui je ne me sens pas libre car ce sont les mêmes personnes qui dirigent les médias que sous Ben Ali", confirme Amal Bejaoui. Elle indique que la situation de la presse est précaire dans son pays, que les journalistes sont plutôt divisés.
D’après Zeina el Tibi, journaliste franco-libanaise, "le problème c’est que l’expression dépend des patrons de presse, qui, lorsqu’ils sont directement issus du monde politique, orientent le point de vue". Elle déclare également qu’outre les facteurs politiques, il faut tenir compte des points de vue religieux. "Persepolis", le film d’animation de la cinéaste d’origine iranienne Marjane Satrapi, a par exemple dû être interdit au Liban suite aux protestations des islamistes. Ils s’offusquaient du fait que Dieu soit représenté (sous la forme d’un vieux monsieur à la longue barbe), considérant que cela est interdit par leurs préceptes religieux.
Grâce à la présence de Nina Hubinet - jeune journaliste française, correspondante de "La Croix" au Caire - l’attitude à l’égard des étrangers en Egypte a été abordée. Elle raconte que pendant les manifestations, les étrangers ont été accusés par des contestataires d’être des espions au service du régime en place. C’est à l’égard des étrangers en général, pas seulement des journalistes, que des suspicions ont existé. Aujourd’hui, elle estime que les journalistes étrangers sont plus libres que ceux égyptiens.
La France "sous surveillance"
En début de débat, l’animatrice rappelait que la France occupe la 44ème place dans le classement mondial des pays selon la liberté d’expression, réalisé par Reporters Sans Frontières en 2010. D’ailleurs, depuis six ans, notre pays n’a cessé de chuter passant de la 19ème place en 2004 à la 44ème en 2010. Nous faisons également partie des pays "sous surveillance" quant à la liberté d’expression sur Internet, aux côtés de la Russie, la Thaïlande, la Lybie…
Alors que le débat touche à sa fin, Samar Al Gamal lance : "Désolée, mais pour moi, la France n’est plus un modèle en terme de droits."
Voir ici la carte de la liberté de la presse dans le monde éditée par RSF.
crédit photo : Frédéric della Faille
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Réactions des internautes
Jeudi 5 Janvier 2012, 11:00
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Tunisie
super article !sur la Tunisie aussi yahoo.lyon.bondyblog.fr/news/issam-affi-depuis-la-tunisie
N'hésitez pas à venir nous faire des petites signes sur nos pages !
à bientôt
lyon- bondybloggeuse
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Dimanche 15 Janvier 2012, 02:13
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Re: Tunisie
Salut LBB,On met du temps à répondre, mais finalement, ça arrive !
Merci bien pour le commentaire, on passera aussi de temps en temps vous faire des clins d'oeil.
A bientôt.
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