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22, le FN revient !

Lundi 23/04/2012 | Posté par Jan Cyril Salemi

Après le 21 avril 2002, voici le 22 avril 2012. A dix ans d’écart, le score du Front National à l’élection présidentielle provoque un nouveau choc sur la vie politique française. Cette fois, Marine Le Pen, la candidate FN, ne sera pas présente au second tour. Et c’est probablement encore mieux pour elle et son parti.

A 20h, hier, selon le rituel bien huilé, la France entière est calée devant sa télé. Les deux premières têtes s’affichent. Pas de surprise, Hollande et Sarkozy se disputeront pour le fauteuil, c’était prévu. Ce qui suit l’était beaucoup moins. Avec environ 18% des suffrages, soit plus de 6 millions d’électeurs, Marine Le Pen et le Front National sont les seuls vainqueurs de ce premier tour. Loin devant Mélenchon et le Front de Gauche, le FN s’impose déjà comme la force d’opposition, quel que soit le verdict du second tour.

Malgré l’espoir suscité par les grands rassemblements en plein air, Jean-Luc Mélenchon n’a pas réussi son pari. Avec environ 11% des voix, il réalise un score inespéré il y a encore quelques semaines. Mais l’objectif de talonner, voire de dépasser le FN est loin d’être atteint.

La candidate d’extrême-droite peut fanfaronner fièrement. Comme souvent, le score de son parti a été sous-estimé par les instituts de sondage. Et ce résultat est certainement le meilleur scénario pour son camp.

Contrairement à son père en 2002, Marine Le Pen n’atteint pas le second tour. Mais l’ampleur de son score lui donne une force sans doute encore plus grande que si elle y était parvenue. Il était quasiment impossible pour elle d’être élue, tout le monde le sait bien au FN. Présente au second tour, elle prenait le risque de perdre largement contre n’importe quel adversaire, et de se discréditer. Avec ce 
résultat, pour la première fois, son parti est en situation d'incarner l'opposition

Le FN a tout à gagner dans cette nouvelle donne. Courtiser ses électeurs, en insistant sur les thèmes qui leurs sont chers, sera un enjeu majeur pour les deux candidats restants. Et le parti d’extrême-droite aura encore beau jeu de réclamer une représentation parlementaire.

Depuis plus de vingt ans, la tactique politique est d’essayer de faire comme si le FN n’existait pas. Soit en l’ignorant, soit en marchant sur ses terres pour l’absorber. Cette stratégie a échoué, et il paraît clair que plus le FN est tenu à l’écart, plus il augmente.

Avec Marine Le Pen, le FN a su jouer un double jeu : être à la fois un parti anti-système et un parti comme les autres. C’est cette contradiction qui a fait sa force.

En votant pour elle, ses partisans expriment à la fois leur rejet du système et leur intention d’en faire partie. Ce n’est pas seulement une expression de protestation ou de colère, comme on pouvait l’interpréter du temps de son père. Il s’agit maintenant d’un véritable vote de conviction.

A Marseille, entre 2007 et 2012, le FN a augmenté son score de près de 30 000 voix. (79 000 contre 51 000). Dans certains arrondissements, le 10e et le 11e (où elle arrive en tête) ou le 13e, la candidate FN a quasiment multiplié par deux les résultats de son père.

Dans deux semaines, la France aura un nouveau président. Quel qu’il soit, depuis hier, il a une nouvelle opposition



Crédit photo : Jan Cyril Salemi


 

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Jan Cyril Salemi -


Réactions des internautes

Amélie
Lundi 23 Avril 2012, 20:46
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Je partage votre analyse.
Les législatives conforteront sans doute cette envolée. 



Répondre -

Jan Cyril Salemi
Mardi 24 Avril 2012, 15:34
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Re:
Rien ne dit que le FN pourra confirmer son score aux législatives, en tout cas, pas sûr du tout qu'il puisse avoir des élus à l'Assemblée, et encore moins un groupe parlementaire.

Il est mesure de représenter l'opposition, et d'être une nuisance, pour le PS et pour l'UMP. Mais la seule façon pour lui d'obtenir des députés est, soit une modification du mode de scrutin, soit un éclatement de l'UMP, et une recomposition totale de l'espace politique à droite. 

En ce sens, le FN peut incarner l'opposition au futur président, quel qu'il soit. Soit il sera hostile à Sarkozy réélu, et il aura les moyens de déstabiliser l'UMP, jusqu'à peut-être parvenir à s'inviter au pouvoir. 

Soit il sera hostile à Hollande, et profitera de la défaite de Sarkozy pour créer un nouveau parti de droite sur les restes de l'UMP. 

C'est encore au stade de la politique-fiction, mais en janvier, Louis Alliot, le numéro 2 du FN, a déposé un nom, l'Alliance pour le Rassemblement National, et comme par hasard, fin mars, un proche de Vanneste (membre de la Droite Populaire, en dissidence avec l'UMP) a acquis le nom de domaine rassemblementnational.fr. Tout ceci est expliqué dans cet article de Challenges

En tout cas, une seule chose est sûre, sous n'importe quel nom, le FN et ses idées, avec ce résultat de dimanche, risquent de s'incruster pour longtemps dans la vie politique française, il faut vraiment bien s'en rendre compte. 

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