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Le Grec de la Plaine

Mercredi 12/10/2011 | Posté par Julie Desbiolles

Un petit tour au restaurant, pour aujourd’hui. Julie a rencontré Jean-Marie, dit Le Grec, cuistot charmeur et volubile, passionné de petits plats et de son pays d’origine. Portrait savoureux. SONS EN +

Ses amis l’appellent "Le Grec". Il fut éducateur un temps, avant de devenir cuistot ; mais il est aussi père, ami, certes Grec mais aussi Français, Marseillais, musicien, fêtard, drôle, fumeur, remonté à ses heures, toujours avenant, ou du moins pour ce que j’en sais. En un mot, ou plutôt en trois, Jean-Marie, aka "Le Grec", est un véritable concentré de vie.

"Par hasard" 
C’est ce qu’il me répond avec assurance lorsque je lui demande comment il est devenu cuistot.
L’histoire commence au début des années 2000. Le Grec, alors éducateur, atterrit par le plus grand des hasards comme serveur dans un restaurant rue des Trois Rois. Une chose en entraînant une autre, il se retrouve bientôt à la gérance. Deux ans plus tard, il traverse la rue, pour dresser le couvert dans son propre établissement, qu’il appellera, non sans humour, "La Traversée du Grec".

"J’aime manger, j’aime beaucoup manger !" 
Voilà pour la part de hasard, mais il n’empêche que la cuisine, ça ne s’invente pas. Déjà, Le Grec aime manger. C’est avec des trémolos de délice dans la voix qu’il se lance dans la description de son plat préféré, l’Arnipita. "C’est une galette de pain grec, la pita. Dessus, c’est du gigot d’agneau coupé en petits morceaux, saisis, montés en température sur le feu, et au dernier moment, on verse dessus une fondue de poivrons et d’oignons, qu’on a préparée juste avant. Ça flambe, du coup, c’est grillé à l’extérieur, et tendre à l’intérieur... et ça, c’est une petite boucherie !" 

La cuisine, une histoire de famille
Heureusement pour lui, Le Grec aime manger... mais aussi cuisiner. Et tout ce qui sort de ses fourneaux, c’est en regardant sa mère qu’il l’a appris. Il cuisine des recettes de famille, des vraies de vraies : "dégun les a", tout est écrit, mais dans la tête. La cuisine, chez lui, s’est transmise de mère en fils, et il espère bien apprendre, lui, à sa fille. Il me raconte d’ailleurs la fierté qu’il a ressentie lorsqu’il a servi, un soir, la toute première feuille de vigne de sa fille de 6 ou 7 ans, qu’elle avait cuisinée avec sa grand-mère dans l’après-midi.

Grec, oui, mais à Marseille !
La cuisine est familiale, mais il prend quand même quelques libertés. D’abord parce qu’un palais français n’est pas celui d’un Grec. Mais aussi parce que la raison pour laquelle Le Grec se plaît dans sa cuisine, c’est l’invention. Le soir, il adore ouvrir son frigo, faire l’inventaire de ce qu’il reste, et laisser son instinct gourmand le guider.

La cuisine, c’est son truc, et il cultive l’amour du travail bien fait. Une assiette ratée ne passe pas la porte de sa cuisine. Il travaille les présentations jusqu’aux petits salières remplies de sel... rose. C’est plus cher, mais c’est tellement plus beau !

Cher pays de mon enfance...
Depuis tout petit, Le Grec vit en France, mais a toujours passé ses étés en Grèce. Il y retourne, régulièrement. Son pays est la France, il y a sa vie, sa famille, son restaurant et ses amis. Pourtant, il parle avec amour de ses divers passages par ses terres d’origine. De toute manière, il sait qu’un jour, il se débrouillera pour y vivre, au moins une partie de l’année. Il sait déjà où : dans le petit village de Paleochora, en Crète, où il ouvrira un bar à vins pour la clientèle anglaise.

"Juste tranquille..." 
Ce qui lui plaît en Grèce, c’est une tranquillité, ce qu’il appelle "la qualité de vie." 

Par exemple : 

Alors le Grec reproduit un bout de son Sud dans sa salle marseillaise. "Le principe du fast-food ne s’applique pas à notre établissement", est-il écrit sur sa carte.
Des noms de plats imprononçables, tables dépareillées et accueil chaleureux, c’est bien l’idée que je me fais de sa Grèce.

"Et le Medhi, t’as des nouvelles ?" 
Le Grec rêve de Grèce, mais il faut bien avouer qu’il se sent bien à La Plaine. Malgré des restrictions légales de plus en plus pressantes (notamment en matière de bruit), malgré sa moto, qu’il n’est jamais trop sûr de retrouver, malgré la clientèle trop peu nombreuse pour vivre de son restaurant, malgré Marseille, qui est tout sauf "tranquille", malgré tout ça, Le Grec ne peut pas s’empêcher d’avoir l’air heureux.

Ses copains passent un par un, lui glissent une blague et repartent. D’autres s’installent, le temps de prendre des nouvelles et de se raconter les dernières histoires du quartier. Bras ouverts et verres sur table, Le Grec se marre. Et il conclut en souriant : "Bon, ce qui est bien ici, c’est que tout le monde connaît tout le monde..."



La Traversée du Grec
17, rue des Trois Rois
13006 Marseille
04 91 48 07 30




crédit photo : Julie Desbiolles

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Julie Desbiolles -