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Le Panier ou l’intégration à l’envers

Mardi 10/03/2009 | Posté par Eva Duval (EJCM)

Il y a trois ans, Nathalie Vasseur ouvrait son restaurant, Baba Of Marseille, au cœur du Panier. Situé à quelques mètres de la place de Lenche, la petite entreprise familiale n’a pas la vie facile tous les jours. Nathalie raconte l’histoire d’une intégration laborieuse dans ce quartier.

Depuis des siècles, le Panier, quartier populaire aux allures de village moyen-âgeux, est le lieu d’accueil des nouveaux arrivants. Italiens, Corses, puis Arabes et Comoriens s’y sont succédés avant d’essaimer dans toute la ville. C’est le sas d’entrée dans Marseille où les habitants de toute origine cohabitent tant bien que mal. Or, depuis quelques années, le Panier est l’objet d’une opération immobilière qui vise à améliorer l’habitat et, insidieusement, à changer ses habitants. Du coup, de nouveaux arrivants sont venus s’y installer, attirés par le côté typique du quartier. Mais la coexistence avec les «habitants historiques» n’est pas toujours facile.

«Je viens de Toulouse. Quand je suis arrivée à Marseille, j’ai choisi de reprendre un restaurant dans le quartier du Panier. C’était un hasard. Je ne connaissais pas du tout la ville», m’explique Nathalie Vasseur, la propriétaire de Baba Of Marseille, un soupçon de regret dans la voix. Elle me raconte que l’intégration dans ce quartier est difficile. «Si c’était à refaire, je ne choisirais pas cet emplacement».

Pour elle, la mentalité des gens du Panier est «particulière». «J’ai l’impression que je leur ai pris leur place». Elle m’explique que c’est une caractéristique du quartier : les gens qui en sont originaires sont très soudés entre eux, mais «les autres», selon ses termes, sont difficilement intégrés. La restauratrice se sent épiée. On vient régulièrement voir si elle travaille et compter combien de clients elle reçoit.

Habitants et commerçants ont cette attitude de rejet. «Les commerçants situés sur la place de Lenche forment un clan. Pour le 14 juillet dernier, ils ont fait venir un groupe de chanteurs sans me prévenir. Si j’avais prévu de faire venir un artiste ce soir-là dans mon restaurant, j’aurais été grillée. Et après ça, ils sont venus me demander de payer avec eux !». Nathalie Vasseur a payé, tout en précisant que c’était regrettable de ne pas l’avoir concertée avant. Elle n’attend que ça, la solidarité avec les autres commerçants du quartier. «C’est en étant solidaires qu’on fera venir du monde», déplore-t-elle.

La propriétaire de Baba Of Marseille me raconte que des paris sont lancés sur les nouveaux restaurateurs non originaires du quartier. «Les gens parient sur la fermeture de nos établissements», regrette-t-elle. «Et des groupes de jeunes viennent foutre le bronx dans les restaurants». La Toulousaine trouve les habitants et commerçants du quartier très durs.

Nathalie Vasseur voit même une autre explication à ce rejet. «Mon mari est militaire, il est directeur du cercle de la gendarmerie Beauvau. Et, au Panier, les gens n’aiment pas ça», me confie-t-elle. Le Panier fonctionne comme un vrai petit village, tous les habitants sont au courant de la profession du mari de la restauratrice. Et un mari pandore, ça ne va trop dans le paysage du quartier qui a vu grandir Mémé Guerini, le parrain de l’après-guerre. Elle y voit une des raisons des tensions avec ses voisins.

Comme dirait l’autre, au village, sans prétention, le gendarme a mauvaise réputation…

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Eva Duval (EJCM) -