A la Plaine, Le Tableau Noir fait vivre l’ancienne école
Lundi 18/03/2013 | Posté par Liza Lenain (EJCM)
Dans école abandonnée, une dizaine de personnes se sont installées et proposent des soirées, des activités et des repas aux habitants du quartier.
Rue Saint-Savournin, à deux pas de la Plaine, le centre social autogéré Le Tableau Noir a élu domicile dans une ancienne école primaire du 5e arrondissement en octobre dernier. En ce dimanche soir, quelques membres sont en pleine préparation du repas populaire organisé toutes les semaines.
Au menu ce soir-là, curry d’épinard et carottes accompagné de riz basmati aux pois chiches et gratins de pâtes aux champignons et oignons.
Certains sont derrière les fourneaux, d’autres préparent la salle pour manger tandis que quelqu’un prépare le tableau à afficher dans la rue qui invite tous les passants et tous les gens intéressés par ce repas.
Un squat pour tous
Qui se cache derrière ce centre social autogéré ? Dans l’école, une dizaine de personnes vivent en autogestion et ne veulent pas voir ce lieu rester inoccupé. Ils organisent des activités tous les jours : des repas populaires toutes les semaines, mais aussi des petit-déjeuners les jours de marché, des cours de théâtre, de magie, des ateliers d’échec et plein d’autres.
« Le prix est libre, on est obligé de faire payer un peu pour rembourser nos frais », m’explique un des membres de cette véritable collectivité qui ne veut pas témoigner individuellement. Une discussion s’engage entre eux sur « le prix libre », mais tous sont d’accord, le prix ne doit pas être un frein. « Si t’as pas de sous mais que t’as faim, la porte est ouverte », me répètent-ils.
Pour l’instant, l’endroit semble bien fonctionner, des gens très différents viennent aux ateliers ou aux concerts, « on a des familles avec des enfants, des jeunes du quartier, des hippies… Certains n’avaient jamais mis les pieds dans un squat avant de venir ici ».
Le Tableau Noir, ce n’est pas vraiment l’image qu’on peut se faire d’un squat. Loin d’être un repaire de junkies, ce lieu se veut ouvert à tous. « On organise ce qu’on veut, chacun peut venir avec son idée et la mettre en œuvre ».
Effectivement les idées ne manquent pas ici, entre des concerts de groupes que l’on peut voir pour 10 euros dans les bars du quartier ou des cours de langue, de dessins, de théâtre, le lieu est toujours animé. « C’est un espace d’activité ouvert aux gens, un espacé libéré, d’expérimentation sociales, on tente de nouveaux rapports », poursuivent-ils.
Menace d'expulsion
« L’urgence nous booste à faire tout le temps des choses, tous les jours ». S’il y a urgence c’est parce qu’ils ont été menacés d’expulsion par Patrick Mennucci, maire du premier secteur de Marseille en février dernier.
Mi-mars, ils sont toujours là mais ils ne savent pas vraiment jusqu’à quand. « Peut-être la semaine prochaine. La mairie avait jusqu’au 10 mars pour finaliser le budget de construction de quatre classes de maternelle dans cette ancienne école primaire, mais on n’en sait pas plus ».
Un projet qui prévoirait la destruction de l’intérieur des locaux mais en gardant intacte la façade classée monument historique.
« Si les ouvriers veulent venir, s’ils veulent faire les devis, on les laisse entrer, il n’y a pas de problème ». Mais pour l’instant ils n’ont vu personne et se demandent s’ils ne servent pas d’excuse afin de retarder les travaux.
Avec les élections municipales qui arrivent à grand pas, ce dossier semble compliqué à traiter par les différents élus. Mais eux l’assurent, ils sont prêts à quitter les lieux quand les travaux commenceront.
« On ne veut pas nuire au quartier, aux habitants et à la construction de cette école maternelle, on est bien conscient qu’il y a des problèmes dans les écoles à Marseille ». Ils ne veulent juste pas laisser cet endroit vide le temps que le projet d’école maternelle se mette en place.
Mais cela ne les empêche pas de prévoir encore plein d’activités et de soirées. Cinéma, repas et ateliers d’échecs sont au programme toute la semaine.
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Crédit photo : Liza Lenain
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Réactions des internautes
Jeudi 21 Mars 2013, 23:06
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Beau témoignage: "Ils ne veulent juste pas laisser cet endroit vide le temps que le projet d’école maternelle se mette en place", bravo.
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Samedi 23 Mars 2013, 01:38
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Expulsion
Malheureusement, le Tableau Noir a été effacé, autrement dit, les squatteurs ont été expulsés cette semaine. Ils recommenceront sûrement une autre aventure ailleurs.En attendant, il faut juste espérer que le projet de construction de maternelle se concrétisera rapidement, et que le bâtiment ne restera pas vide encore longtemps.
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