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"Partir à La Mecque pour renaître"

Mercredi 27/10/2010 | Posté par Michael Couvret

KELHIFA S'EST ENVOLÉ pour La Mecque la semaine dernière, il a rejoint les millions de pèlerins qui s'y pressent chaque année. Avant son départ, il a accepté de nous raconter ses motivations.

 Il est parti. Kelhifa est un trentenaire dynamique, un passionné de moto, marié, père de deux petits garçons et musulman. Le 20 octobre dernier, il s'est envolé pour La Mecque où il devrait rester un mois, le temps de prendre part aux différents rites inhérents au pèlerinage. Au menu : prières, parcours autour de la Kaaba et Aïd. 

Aussi loin que je m'en souviens, le mot pèlerinage s'est toujours associé, dans mon imaginaire, à une grande aventure. Je voyais ces gens arpentant des chemins poussiéreux, marchant jours et nuits, sans relâche. J'avais cependant du mal à réellement saisir le but d'une telle expédition. Kelhifa a éclairé ma lanterne. 

Lorsqu'il évoque son voyage, son regard malicieux s'illumine, ses mots s'envolent. Alors, quand je lui demande ce qu'il attend de son pèlerinage, il me répond enflammé : "une renaissance". Il veut "repartir sur de nouvelles bases", il me l'assure sans trembler, "les gens qui reviennent de leur pèlerinage sont changés, métamorphosés"

Le pèlerinage est un pilier de l'islam, c'est un passage obligatoire pour tous les pratiquants, à condition d'en avoir les moyens financiers. Une fois effectué, le pèlerin revient avec un nouveau statut. Pour Kelhifa, ce statut est avant tout spirituel, "j'espère devenir un homme meilleur" souligne-t-il. C'est un voyage pour lui, pas pour les autres. D'ailleurs, il ne veut pas entendre parlé de hadj, le nom qu'on donne à ceux qui sont allés à La Mecque. "Je ne tiens pas à cette appellation, c'est une tradition, mais ce n'est pas fondé religieusement de se faire appeler ainsi" m'assure-t-il, avant d'ajouter "je ne cherche aucune glorification, le plus important c'est d'être sur place"Ce qui est sûr, c'est qu'il part le cœur léger, il aurait pu attendre plus longtemps, mais il n'avait pas envie de repousser le voyage. S'il part maintenant, c'est parce qu'il est prêt, l'argent n'est pas une excuse.

L'argent justement, Kelhifa ne cache pas que ce voyage coûte très cher. Pour lui, la facture finale s'élève environ à 4 800 euros. Le vol, l'hébergement et la nourriture constituent la quasi-intégralité du budget, soit 4 000 euros. Mais tout ça n'est pas un problème, Kelhifa me le confirme "même si ça avait couté 20 000 euros, j'y serais allé. Ça m'aurait pris un petit peu plus de temps c'est tout".

Ce qui justifie un tel prix, c'est qu'une agence s'est chargée de tout pour Kelhifa. La sienne est agréée par les autorités saoudiennes. Ils s'occupent des visas et guident le pèlerin sur place. Un gage de sécurité pour Kelhifa. Il faut dire que les arnaques sont légion. Plusieurs millions de personnes se pressent chaque année aux portes de la ville saoudienne, afin de marcher sur les pas du prophète. Il n'en faut pas tant pour attirer les requins peu scrupuleux. Kelhifa n'a pas peur, il fait confiance à son agence, on la lui a recommandée. Il sera encadré. 

On est loin de la figure aventurière que j'imaginais, du pieux baroudeur animé par un sentiment irrationnel. Peut-être qu'un jour, Kelhifa y retournera, en moto cette fois, en prenant le temps, en passant par la Grèce et la Turquie, histoire "d'accomplir le grand voyage" comme il dit, mais ce n'est pas pour tout de suite. Avant d'en arriver là, s'il en a les moyens, il préfèrera offrir le voyage à quelqu'un d'autre. Pourquoi pas à sa famille. Ses enfants, d'ailleurs, auraient aimé l'accompagner, mais il leur faudra être patient. Pour le moment, il devront se contenter des récits de leur père.

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Michael Couvret -