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Pas de quartier

Vendredi 12/10/2012 | Posté par Jan Cyril Salemi

Hier, un énième règlement de compte a eu lieu à Marseille. La routine, quoi. Enfin, pas tout-à-fait...

Pour nous qui vivons ici, qui y sommes nés, ou qui l'avons adoptée comme lieu de vie, Marseille ne ressemble pas au tableau que dressent la plupart des médias nationaux. Notre ville n'est pas un territoire perdu de la République, elle mérite bien mieux que tous ces coups de projecteurs braqués sur une actualité chaude toujours plus sordide. Et pourtant...

Et pourtant. Quand on y est au quotidien, difficile d'échapper à cette réalité. On a beau être convaincu que Marseille ce n'est pas ça,
l'image que notre ville donne d'elle-même nous rattrape, elle nous dépasse, et elle finit par nous planter. Elle nous laisse assommés, K.O, dans les cordes. 

Un sentiment de malaise. Pour parler en nuance. Carrément l'envie de gerber pour dire les choses comme elles sont. Les gouvernants vont encore déferler dans nos rues. Avec la nuée médiatique qui les accompagne. Et le maître mot du discours politique qui va résonner plus que jamais : SÉCURITÉ


Capitale de quoi ?

Et puis cette fois, pas de quartier. 
Ça flingue sans pitié, en plein midi, en pleine ville, en pleine tête. En terrasse, à l'heure du café, les douilles sur la table, le sang dans la tasse. Pas de quartier. Ni quartier nord, ni quartier sud, ni quartier est. Ni la Viste, ni la Cayolle, ni Air-Bel. Les Cinq-Avenues. Le tramway qui roule silencieux, le Palais Longchamp, le petit marché tranquille de la place Sébastopol, le lycée Michelet, le Cinémadeleine, le bar le Derby. Là. Pas de quartier.

Alors quoi ? Capitale de la culture ? Capitale de la culture du règlement de compte, sans aucun doute. Il n'y a même pas six mois, devant le lycée Saint-Exupéry, pareil. En plein midi, en pleine rue, une rafale sur une voiture, un mort. Là, c'était les quartiers nord. Là où les petits voyous ne vont plus au lycée. Là où, si jamais l'un d'eux était tenté d'y retourner pour se remettre aux études, il était vite rappelé à l'ordre : paye la BAC d'abord.


Origine contrôlée

Mais là-bas, c'est les quartiers nord. Et pour le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, ce qui s'est passé hier aux Cinq-Avenues, est "peut-être très différent de ce qu'on a connu ces derniers mois." Peut-être. Pourquoi ? Justement parce que la victime, n'était pas originaire des quartiers et était, 
apparemment, liée au grand banditisme.

Est-ce que ça change vraiment grand chose ? Oui et non. Le ministre nous sert bien sûr son discours de circonstance, à la Sarko style, "la peur doit reculer". Mais il sait aussi choisir ses mots. Les mots ont un sens, ils en ont parfois deux, et le ministre en a bien conscience. Quand il parle de "lutter contre le crime, quelle que soit son origine", l'emploi du terme "origine" n'est pas anodin.

ll va de soi qu'il faut lutter contre le crime. Quelle que soit son origine, c'est évident. A quoi bon le préciser ? Quelle que soit l'origine du criminel, et quelle que soit l'origine de la victime, ça va de soi aussi. Qu'ils soient issus des quartiers. Ou pas.



Crédit photo : code poet
(Flickr)

 
 

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Jan Cyril Salemi -


Réactions des internautes

Amélie
Samedi 13 Octobre 2012, 07:55
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"lutter contre le crime, quelle que soit son origine"

Il est évident, et Valls s'est exprimé là-dessus, qu'il évoque la corruption qui sévit au sein de la BAC, entre autres, puisque toute la chaîne est "contaminée". Marseille traîne une tradition de grand banditisme depuis des années mais les codes changent. Après, pourquoi ne pas vous renseigner sur les populations qui croupissent dans les prisons et ce partout en France, ainsi qu'en Belgique ? 

http://www.youtube.com/watch?v=BK10bJ3rSjQ






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