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Sur les tristes marches de la République (Deuxième partie)

Mercredi 24/11/2010 | Posté par Pierre-Julien Bouniol

A MARSEILLE, POUR DEPOSER une première demande de titre de séjour, il faut passer la nuit devant les grilles du service de l'immigration, sans être sûr de voir son dossier traité. Récit d'une nuit peu ordinaire.

Pour déposer une première demande de titre de séjour à Marseille, il faut dormir devant les grilles des services d’immigration. Ici, on ne traite que 20 demandes chaque jour.
À 3h45, de nouveaux arrivants sont surpris. Ils pensaient être les premiers mais ont peu de chances de passer : n° 25 à 29. "Comme ça change tous les jours, on y croit " soupire une dame algérienne. "C’est mon avocat qui m’a dit de venir tôt... Je ne pouvais pas dormir, alors je suis partie à 3 heures... Mais c’est déjà trop tard, c’est pas normal ! "
C’est une heure de mouvement. L’humidité tombe, il fait plus froid, tout le monde va se dégourdir, cherche un coin pour uriner, on essaie de rester éveiller, trouver la bonne position pour supporter l’attente. Salah note consciencieusement chaque arrivée, il espère que ça évitera la bousculade demain matin. "On va pas ajouter ça à notre situation, on est bien assez misérable pour s’entretuer en plus". Moi aussi, je dois aller pisser. Il y a un coin sombre où tout le monde se rend. L’odeur est infecte... Chaque soir, des dizaines d’hommes s’y relaient. "Moi quand je viens, je jeûne, me dit Aziz, c’est Ramadan à l’envers, j’arrête de me nourir la nuit sinon tu vas où faire tes besoins, dans la rue? C’est dégueulasse." On rit, l’humour ça maintient debout même dans l’humiliation.
4h15, certains s’inquiètent pour leur dossier, ils l’effeuillent, soucieux, être surs qu’il ne manque rien. C’est l’avocat qui se chargera de parler demain mais c’est à eux de réunir les pièces. "Tout le monde prend l’avocat mais moi cette année, j’avais pas les moyens sinon comment je fais pour payer le loyer ? " demande Saïd, un jeune tunisien au sourire brillant.
5h10, les premiers métros sont arrivés place Castellane. C’est le début du rush. Salah continue de noter les noms mais la liste est désormais trop longue. Il réunit tout le monde au pied des marches, on réveille ceux qui sont encore assoupis. Ils descendent péniblement avec leurs cartons, leurs couvertures. Ils nettoient l’espace, aucune trace ne subsiste de leur présence. Salah fait l’appel "chacun sa place, son numéro, comme ça pas de zigzag ! " prévient-il avec le sourire, lunettes en avant sur son nez comme un vieux professeur.
Le rang se forme dans le calme, les bureaux ouvrent dans trois heures. On s’entasse entre les barrières, debout, l’attente est encore longue, la nuit toujours très noire. Fatima, 72 ans arrive dans sa djellaba. Elle est numéro 40 : "oh, j’espère quon va passer". Personne n’ose lui dire que les chances sont minces, voire nulles. Des nouveaux encore, tout le monde les accueille, explique. Un Indien qui ne parle qu’anglais s’étonne, un peu terrifié. Des Français accompagnent une amie moldave. Ils ne pensaient jamais voir ça même s’ils viennent pour la troisième fois. "Les fois d’avant, on s’était pas réveillé mais aujourd’hui on croyait être les premiers". Ils sont 45è sur la liste...
Saïd arrive dans sa veste grise, il est élégant. 62 ans dont quinze dans l’amiante sur les chantiers navals de La Ciotat, jusqu’à leur fermeture. Il est déjà venu lundi mais trop tard.
7 heures, la file dépasse les 100 personnes. À côté, devant le bureau des cartes grises, les usagers commencent à patienter. Salah, lui, est là depuis plus de douze heures...
8 heures, un avocat débarque avec une pile de dossiers. Il fait l’appel, les remet en main propre et disparait. Une élève avocate confie "ils n’en prennent que 20, pour les autres, c’est foutu". Les policiers arrivent par la porte de service.
8h15, trois agents prennent place. Ils crient sur la foule pourtant calme grâce à l’organisation minutieuse de Salah. Ils tutoient sans vergogne, m’empêchent d’avancer. 20 personnes sont autorisées à entrer, les autres patientent encore.
8h40, Saïd sort dépité : "elle m’a dit comme ça, ticket y a plus, tu reviens demain... Sarkozy, il apporte que la merde à la France".

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Pierre-Julien Bouniol -


Réactions des internautes

mayou
Jeudi 25 Novembre 2010, 10:28
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sur les trites marches

il est partout dit que l on fait  attendre pour tous a croire que c est nu sport internationale mes beau fils un portugue l autre turc font regulierement le pied de grue dans leurs ambassades vers 3h du mat avec thermo et casse dal ils sont sur le pied de guerre a attendre le bon vouloir d un fonctionaire retour dans la soiree quand tout va bien et .............il manque ceci cela on reviend 8 jour apres alors  trois mois on passer tourjours pas de papier pas grave on attend c est vrai que ces gents'(la) ont le temps l un a un resto ouvert 6 jours sur 7 et l autre est chef de service en magasin lis peuvent etres a paris entre 7 h et 12 h tous les jours a faire la queue alors votre article dit bien la galere que peuvent subire ces gens (la) sans que cela gene personne ,encore moins nos politique je voudrais etre la ministre du regard sur les ministeres a nous la vengence bon courage a tous

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