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Thomas Azuelos, journaliste du fictif

Samedi 28/03/2009 | Posté par Hadrien Chidiac (EJCM)

Illustrateur de presse et dessinateur de bandes dessinées, Thomas Azuelos raconte ses histoires sur Marseille et Noailles, pour le site Rue89.com.

Situé au 5ème étage, son atelier de travail surplombe la place du marché des Capucins, à Noailles. Il est midi et demi, l’activité bat son plein. Les maraîchers et les poissonniers servent leurs clients, les passants déambulent dans les petites rues sales du quartier. Un physique passe-partout, les cheveux en bataille et le sourire facile, Thomas circule dans Noailles comme chez lui. Il pourrait dessiner le quartier les yeux fermés.

Depuis septembre 2008, il lui consacre Le ventre de Marseille, une série d’histoires pour l’édition marseillaise de Rue89.com. Des reportages fictifs contés par son alter ego Athémos Zolus. «Pour la plupart d’entre eux, ce sont de vieux dessins, précise-t-il. Mes carnets en sont remplis. Quand il y en a un qui me plaît, je construis une histoire autour.» Le résultat est un pêle-mêle en noir et blanc où se mêlent illustrations et textes de manière anarchique. En apparence seulement.

Si certains détails des histoires sont véridiques, le reste est inventé. Les scènes peuvent se passer dans les années 1920 comme aujourd’hui. Un voisin de 70 ans qui descend ses poubelles, une descente de CRS qui détruisent la marchandise des vendeurs à la sauvette. «Je fictionnalise le réel», dit-il. «Comme New York à une époque, Marseille s’y prête. C’est une ville foisonnante ou plein de thématiques se croisent. Je préfère inventer à partir de ça, plutôt que de raconter un quotidien vrai. Je ne fais pas du journalisme».

Un métier qu’a pourtant pratiqué Thomas pendant plus d’un an. «En 1995, la BD était bloquée, il n’y avait rien de nouveau, explique-t-il. Je n’avais plus envie de dessiner. Je suis entré au journal gratuit Taktik en 1995. J’ai suivi notamment le FN lors de sa prise du pouvoir à Vitrolles». Et de poursuivre : «C’était une expérience formidable, mais ça ne m’intéresse plus, sourit Thomas. C’est un métier qui ne me convient pas dans la mesure où j’ai besoin de temps pour m’imprégner d’un sujet. J’aurai l’impression de trahir les gens si je ne me sentais pas touché par leurs problèmes».

Le Monde, les Inrockuptibles, Marseille l’Hebdo, Ventilo, Thomas continue à officier dans d’autres titres mais en tant que dessinateur de presse. Ce sont les retrouvailles avec David Calvo, connu à l’époque de Taktik, qui lui redonnent goût à la bande dessinée. Quelques mois après sort Télémaque aux éditions Carabas, suivi d’Akhenaton avec David Calvo au scénario.

«Depuis quelques temps, je suis totalement libre de faire ce que je veux», dit-il, satisfait. L’auteur a en main son dernier livre Carnet d’un retour à Troie*, sortie de presse il y a quinze jours. «C’est un album que j’ai autoédité. C’est un livre beaucoup plus personnel, je me suis fait plaisir».

Thomas travaille actuellement au prochain épisode de sa série marseillaise. «Il devrait être inspiré d’une rencontre avec ma voisine. Elle habite en face de chez moi depuis 17 ans et je ne l’ai découvert qu’il y a quelques jours ! Elle a une histoire formidable. Il y a des choses fantastiques à deux pas de chez nous !» Autre découverte : «J’ai récemment appris que Noailles, était surnommé le Ventre de Marseille. Je n’en savais rien avant de commencer la série».

*« Carnet d’un retour à Troie », disponible à la Réserve à Bulles, 76 rue des 3 frères Barthélemy, Marseille

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Hadrien Chidiac (EJCM) -