A Félix-Pyat, la police squatte les trottoirs
Lundi 20/04/2009 | Posté par Benoît Gilles et Sofiane Majeri
A l’entrée de la cité de Félix-Pyat (3e), il y a un commissariat. Et, à proximité de ce dernier, deux écoles maternelles. Problème : les véhicules de police sont garés sur les trottoirs, obligeant les mamans et les enfants à marcher sur la chaussée.
L’affaire saute aux yeux : nous sommes rue Félix-Pyat, à l’une des entrées de la cité du Parc Bellevue. Elle est empruntée au moins quatre fois par jour par les parents qui viennent chercher leurs enfants dans l’une des deux écoles maternelles qui sont situées à proximité. Problème : à cette entrée, jouxtant l’une de ces écoles, on trouve aussi le commissariat du quartier. Et, ce jour-là, les véhicules de police du commissariat sont tous garés de chaque côté de la rue à cheval sur les trottoirs.
Un marquage au sol de couleur jaune entérine cette occupation du domaine public. Pour que les passants puissent sortir de la cité en toute sécurité, il ne reste qu’une étroite bande de trottoir où un adulte a du mal à passer sans se faufiler. Résultat, les habitants de la cité doivent emprunter la chaussée s’ils veulent amener leurs enfants à l’école. Plus embêtant encore, d’autres véhicules sont garés un peu partout autour du commissariat, notamment sur les passages protégés. Normalement, cela vaudrait à leurs propriétaires un beau PV sur le pare-brise.
Nous entrons au commissariat pour évoquer le problème avec les premiers concernés. Un officier nous reçoit. Il commence par nous dire qu’il n’a pas le droit de parler sans l’accord de sa hiérarchie puis consent à sortir avec nous pour évoquer ce problème. Car il reconnaît aisément que problème il y a. «Que voulez-vous que l’on fasse ? Effectivement, nos véhicules sont garés sur le trottoir. Il n’y a pas de place pour les garer ailleurs même si la plupart du temps ceux-ci sont en patrouille. Là, vous tombez mal, c’est le changement d’équipes et tous les véhicules rentrent au commissariat.» C’est aussi l’heure de l’entrée à l’école, ce qui pose un évident problème de cohabitation.
Quand on lui montre les véhicules garés sur les passages cloutés en lui demandant s’il s’agit des voitures personnelles de ces agents, l’officier n’élude pas la question : «Où vous voulez qu’on les mette ? Moi, je travaille ici depuis longtemps, tout le monde me connaît donc je gare ma voiture dans la cité sans risque qu’elle soit vandalisée. Mais si mes collègues garaient leurs véhicules plus loin du commissariat, vous n’imaginez pas dans quel état on les retrouverait. Le commissariat est caillassé tous les soirs, c’est surtout ça le problème.»
Originaire du quartier, Sofiane met en doute la fréquence des caillassages. Pour preuve de ses dires, l’officier nous amène à proximité de l’entrée du commissariat pour nous montrer un petit tas de pierres. «Vous pensez qu’elles sont arrivées là toutes seules ? Et ces marques sur le mur, c’est pareil. Ce sont des cocktails Molotov qui ont fait ça.» Difficile de contredire l’officier de police sur la réalité des preuves qu’il présente. Quoi qu’il en soit, un commissariat caillassé tous les soirs et régulièrement attaqué à coup de cocktails incendiaires ferait plus souvent la une des journaux. Ce n’est pas le cas du commissariat de Félix-Pyat.
«De toute façon, les gens n’empruntent pas les trottoirs ici, regardez.» En effet, une maman passe avec sa poussette au milieu de la rue et croise une voiture qui entre au pas dans la cité. «Oui, mais elle n’a pas la place de passer sur les trottoirs», fait-on remarquer à l’officier qui reconnaît une fois de plus la difficulté de cohabitation. «La seule solution est de déménager le commissariat», finit par lâcher notre interlocuteur. Mais aucun projet de déménagement n’est à l’ordre du jour. Et, en attendant que ce projet soit un jour d’actualité, les voitures de police continuent d’occuper les trottoirs et les enfants à marcher sur la chaussée.
Photo : Jean-Paul Duarte (Collectif A-vifs)
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Benoît Gilles et Sofiane Majeri -
Réactions des internautes
Lundi 20 Avril 2009, 00:23
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Petits trafiquants, mais aussi jeunes désoeuvrés roi de la glandouille comme dirait Amara.
Mais si le commissariat déménage, que se passera-t-il?..... :/
Certes les parents d'élèves pourront se garer pour récupérer leurs enfants à l'école.
Mais alors qu'il est question de rapprocher la police des citoyens, éloigner ce commissariat aurait l'effet inverse... Non?
Répondre -
Mardi 21 Avril 2009, 09:25
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Re:
Là, le problème n'est pas vraiment le commissariat en soi, mais bien les véhicules garés sur la voie publique et particulièrement sur les trottoirs et les passages piétons. On peut imaginer vu la configuration des lieux que les voitures personnelles et celles qui ne sont pas en patrouille ne se garent pas juste devant la porte. Que les véhicules inutiles au service se garent sur le parking de la cité ... à 3 mètres. Il y a d'ailleurs déjà une caméra qui surveille ce coin... alors !Répondre -
Jeudi 23 Avril 2009, 00:45
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Re:
Ah oops, je me suis laissé abusé par la photo c'est pour ça. ;)Répondre -