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«En soupe, frit, grillé, le poisson c’est bon pour la santé !»

Mercredi 25/03/2009 | Posté par Pauline Legrand (EJCM)

Pauline est allée se balader au Vieux Port de Marseille. Les «Parisiens» s’y font remballer par les pêcheurs, les anciens viennent y tromper leur solitude.

En bas de la Canebière, la Bonne Mère à sa gauche, la mer devant lui, et à sa droite Monsieur le maire. Quelle belle enceinte pour le Vieux-Port de Marseille. Sur le Quai d’honneur, autrement dit le quai principal, une dizaine de pêcheurs vendent leurs poissons, disposés dans des bacs bleus, appelés «bancs» par les marins. Chaque banc porte le nom du bateau et son immatriculation.
Pas de réservation pour les emplacements, ce sont les pêcheurs les plus anciens qui occupent la meilleure place. La famille Izzo, pêcheurs de génération en génération depuis 80 ans, est au centre du quai. C’est Jo, le grand-père, qui vend le poisson de son fils et de son petit-fils. Des congres, du merlan, du sar.

Ce matin, les bancs sont plutôt vides, tout comme le Vieux-Port. Sur les quais, les pêcheurs n’arrêtent pas de raconter leur nuit difficile, avec la pluie et le vent. «C’était mauvais temps hier soir», comme ils disent. Jo, lui, ne parle pas et ne sourit pas. Il n’arrête pas de grommeler : «Ah ! Y’a bien des regardeurs mais des acheteurs, y’en a pas beaucoup».
Quand une touriste lui demande le nom d’un poisson, Jo ne veut même pas répondre. Il est beaucoup plus poli avec André et René, deux retraités marseillais qui viennent acheter du poisson tous les jours sur le marché. Ils arrivent toujours tôt le matin pour choisir le meilleur produit. «L’œil rond et brillant, cela veut dire qu’il est bien frais», explique ces Marseillais pur aïoli.

A droite de Jo, le banc d’Atimad attire plus de clients. La vendeuse n’hésite pas à donner des conseils pour cuisiner le poisson. «En soupe, frit, grillé, le poisson c’est bon pour la santé !», s’exclame la vendeuse. Les touristes mitraillent ces poissons vivants qui gigotent et qui les éclaboussent. Ils restent bouche bée quand une mouette rattrape au vol les abas de poisson jetés par Atimad. Pris d’un haut le cœur, une jeune fille du groupe recule. Une passante lance : «Ça va, mademoiselle ?» Sa mère, le sourire aux lèvres : «Ne vous inquiétez pas, c’est juste une Parisienne qui ne supporte pas l’odeur du poisson».

Derrière les étals, sur leur bateau, les pêcheurs rangent leurs filets et plient les palangres. Un moment pour se détendre et plaisanter entre collègues. Les blagues vont bon train, les femmes, le travail, tout y passe : «J’ai déjà envie de prendre ma retraite», lâche Sébastien Izzo, 26 ans. Aussitôt, son père : «Tu n’es même pas sorti du ventre de ta mère, que tu vas déjà t’arrêter de travailler, hé bé…». La réplique fait rire toute l’assemblée.

La vedette du Vieux Port, c’est Michel. Ce pêcheur de 82 ans n’est plus là pour vendre son poisson mais pour vendre un coquillage porte-bonheur en forme de perle : l’œil de sainte Lucie. «Deux euros pour du bonheur et de la santé, c’est pas cher !», crie-t-il pour attirer le chaland.
Les plus curieux s’arrêtent pour entendre la légende de la sainte. Cette jeune femme aveugle aurait retrouvé la vue en se frottant l’œil avec ce coquillage. Michel ne s’arrête pas là, il raconte aussi la légende de l’hippocampe : placé sur le sommet du crâne, l’animal de mer guérirait les maux de tête. Le vieillard est un sacré conteur. Pour Michel, vendre des coquillages au Vieux Port, c’est un prétexte : «Je ne veux pas perdre la boule en restant enfermé chez moi», lâche-t-il.

Midi, le soleil est au zénith, les poissons n’ont plus l’air aussi frais qu’à 9 heures du mat. Les prix sont à la baisse, le kilo de congre passe de 10 à 6 euros. Les vendeurs disent «c’est cadeau, c’est pour vous». Les bancs se vident peu à peu. Dans une heure, les pêcheurs rangeront leur matériel. Michel s’impatiente, deux pastis l’attendent au bar rue de la Loge.

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Pauline Legrand (EJCM) -