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La mémoire de Berlin

Vendredi 10/06/2011 | Posté par C. Tzëelia de Ronde

Il a fait obstacle à la liberté des citoyens pendant plus de 28 ans. Et habité les consciences du monde entier jusqu’à sa destruction. Réputée pour sa créativité, Berlin, semble avoir tourné la page. Il a laissé des traces palpables au cœur de la ville.

Onze jours à Berlin. Et ce sentiment bizarre que disparu, il est toujours là. Ces peintures à Warshauer strasse qui se moquent du ciel dans une explosion de couleurs. Ou cette frontière gris triste apparaissant par ci par là dans la ville, à la Bernauer Strasse.
Seul et unique passage pour « l’autre côté », jusqu’à ce qu’il tombe en 1989, Checkpoint Charlie et son musée se laissent envahir de touristes. Des cars entiers d’étrangers posent un bras familier sur l’épaule de faux soldats russes et s’y font prendre en photo.

Onze jours à marcher ou ne rien faire. Dans une cité qui déploie le lacis de ses lignes de transports dans les airs et sous ses trottoirs, ensevelit ses tragédies sous des audaces architecturales de métal et de verre, remplit les espaces vides de publicités géantes. Berlin verte et cosmopolite, intensément vivante, aime les grands espaces et le sport, boire beaucoup de café au lait et des litres de bière. Et l’humour... Vivre vite et fort. Mais Berlin travaille dur, comme une ruche. Berlin se reconstruit dans l’ordre et le désordre. Berlin remplit ses rues et ses avenues essaimées de fast-food de gens qui mangent debout et fument dans les gaz d’échappement.

Onze jours, un par un, où l’on s’exclame devant l’accessibilité impeccable des installations pour le handicap. Saluant l’esprit d’organisation, la manière dont il facilite l’orientation dans les méandres de la ville. Onze jours à s’écarquiller de la politesse extrême et de l’accueil exceptionnellement prévenant des habitants. A s’instruire de cette façon mesurée de se tenir dans les lieux publics. De guider votre déambulation après vous avoir aimablement abordé d’un « Kann ich ihr helfen ? » Ou secoué la tête à regret d’un « Tut mir leid » : Désolé de n’avoir pu vous aider. Danke sehr, merci beaucoup, nous sommes-nous dit alors, nous quittant à regret.

Onze jours toujours à se réjouir de la beauté de ses parcs, de la sauvagerie de la verdure qui s’empare de l’espace urbain. A suivre du regard le quadrillage raisonné de rues longues, droites et claires comme des i. Le sillonnement infatigable de la cité par des envolées de vélos, promeneurs, carrioles pour enfants avec petite capote pour le soleil et la pluie. Et les bateaux sur la Spree qui serpente.

A la veille du onzième jour, faire le tour de la ville sur la ligne de métro circulaire, le ring. Grimper dans une correspondance et décrypter les tags qui s’élancent à l’assaut des vieux wagons, des constructions de briques et bâtiments à l’abandon endormis sous les autoroutes. Les regarder s’étirer le long d’énormes tuyaux comme une phrase sans fin, jusqu’aux banlieues lointaines.

Ses restes pierreux de murets surgissent comme des pousses dans une cité perpétuellement en travaux. Invisible mais comme en suspension dans la pensée, dans tout ce qui sépare, le Mur se laisse recouvrir par la trépidation du monde.

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C. Tzëelia de Ronde -