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Le bon mot de Mouss’ : Chapacan

Dimanche 12/12/2010 | Posté par Mouss

VOILA UN MOT dont la sonorité, douce et exotique, viendra réchauffer vos oreilles gelées par cet hiver vigoureux. Entre légende urbaine et ouvrages maladroits, les chapacans hantent toujours les rues de Marseille.

« Vé, ils ont construit c’te rue comme des chapacans ! » Té, ça faisait au moins 10 000 ans que je n’avais entendu ce mot-là. Ça m’a rappelé mon enfance, quand je partais en vacances au cabanon du grand-père. Il me disait que si je n’étais pas sage, j’aurais à faire au chapacan. C’était un peu l’équivalent marseillais du croque-mitaine.

Les chapacans (prononcer tchiapacan), c’étaient les chasseurs de chiens errants employés par la ville. L’origine du mot est un peu confuse, ça viendrait soit de l’italien acchiapacani (attrapeur de chien), soit du provençal (chapa = attraper et can = chien), soit des deux (ce qui est même fort probable). À l’époque, les chapacans sont réputés pour vivre comme les chiens qu’ils pourchassent. La mythologie urbaine marseillaise raconte même qu’ils s’habillaient avec les peaux de ces pauvres bêtes.

Par extension, le mot désigne aujourd’hui les personnes un peu louches, habillées comme des caramentrans (pour ceux qui suivent ma chronique), coiffées n’importe comment, des marginaux débraillés en quelque sorte.

Un chapacan, c’est aussi un gazier qui n’est pas adroit avec ses mains, un peu comme les mecs qui ont construit le tunnel sous la Plaine avant de se rendre compte que le tram ne passait pas.

Pour conclure, je citerai un de mes amis, qui, lors d’un voyage linguistique, se trouva en face du célèbre Guernica de Picasso et me dit : « Oh Mouss, vé comme il a peint comme un chapacan ce coquin ! »

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