“Marsatac s’est monté à la force du rêve”
Jeudi 29/09/2011 | Posté par Adeline Raynal
La 13ème édition de Marsatac s'ouvre ce soir. Adeline est allée à la rencontre de Dro Kilndjian, programmateur et co-fondateur du festival. Marseillais, âgé de 42 ans, cet ancien étudiant en journalisme nous emmène de l'autre côté de la scène. Interview-fleuve, que nous vous présentons en deux volets. 1ère PARTIE
Dro Kilndjian, comment l’idée de monter un festival de cette envergure à Marseille a-t-elle germé ?
Au milieu des années 1990, nous étions trois, Laurence, une amie, Béatrice, ma cousine, et moi. Nous vivions à Londres, et c’est là que l’aventure a commencé. Un jour, assis dans un parc, nous nous sommes mis à écrire trois pages sur notre programmation idéale, les artistes que nous imaginions pouvoir faire venir. L’objectif était de faire de Marseille une étape importante dans le circuit des musiques actuelles en Europe, alors que la ville n’était que très peu présente sur ce plan-là à l’époque.
Aucune question technique n’a alors été évoquée. Nous avions une vision assez naïve, nous nous placions plutôt du coté du public et souhaitions pallier un manque et organiser chez nous l’événement que nous souhaiterions fréquenter. Une fois ce principe de base posé, nous avons appris nos métiers respectifs en les exerçant. Ce projet très personnel a été monté « à la force du rêve » d’une bande de copains.
Aujourd’hui, c’est la treizième édition, et la grande majorité de l’équipe est constituée depuis plus de sept ans. Il y a une vraie cohésion entre nous et c’est aussi ce qui fait la force du festival. Trentenaires et quarantenaires, nous habitons dans le centre de Marseille pour la plupart.
Quelle a été l’évolution de la programmation ?
En 1999, pour la première édition, elle était axée autour du hip hop et du rap marseillais (IAM, la Fonky Family, 3ème Œil…) Petit à petit le festival s’est ouvert à différentes esthétiques qui sont plus ou moins liées entre elles par la question des musiques électroniques. Aujourd’hui, le champ de programmation est beaucoup plus vaste, les musiques indépendantes, les nouvelles scènes, les formations qui mixent plusieurs styles musicaux, font partie de ceux que nous privilégions. L’idée est de mettre en avant des artistes qui ne sont pas nécessairement de l’émergence pure, mais qui ont peu de visibilité ici, de donner l’habitude au public de fréquenter ce genre d’événement.
Concrètement, comment se prépare le festival ?
Cela se déroule sur six mois, de janvier à juin. Entre les demandes que nous formulons et celles qui nous parviennent, nous traitons environ 500 artistes par an pour aboutir à la programmation d’une quarantaine de groupes. Parfois, la négociation dure, il faut discuter avec une dizaine d’intermédiaires d’affilée, et cela n’aboutit pas. Cette année, on a mis plusieurs mois à convaincre Theophilus London, mais on y est finalement arrivé.
Comment s’organise la grille de programmation ?
Nous faisons en sorte d’avoir un enchaînement à peu près cohérent, de garder un esprit général tout en tenant compte des contraintes techniques (les changements de plateaux, les installations de vidéos éventuelles…). Il y a aussi les négociations avec les managers des artistes qui sont parfois exigeants sur l’heure et la scène accordée au groupe. Enfin, les questions financières viennent se greffer là-dessus, c’est donc une multitude de paramètres qui entrent en jeu pour définir la grille de programmation.
Au niveau des thématiques, le jeudi c’est plutôt rock, pop, électro et avec quelques aventures vers le dubstep. Vendredi c’est davantage hip hop, groove, black music, dub ainsi que les courants pouvant se rattacher à cette énergie là. Et le samedi on est principalement sur du rock, du punk, de l’électro voir de la techno.
Quelles sont les trois formations à découvrir absolument en 2011 ?
Pour jeudi : Applause. Ils sont en majorité belges mais le chanteur est français, et ils distillent un rock un peu électro, très lyrique, romantique, avec des compositions assez osées, dans un univers très léché. J’aime beaucoup ce groupe.
Pour vendredi, mon choix se porte sur Theophilus London. Il est emblématique de notre vision de la programmation : un mix de courants musicaux. Plutôt qu’être des chapelles séparées, le hip hop, l’électro, le pop-rock font partie d’une grande famille à mes yeux. Ce personnage résume bien ce propos, il est grand, charismatique, très jeune, un peu dandy et très élégant. C’est un des artistes à suivre pour les années à venir.
Pour samedi : The Death Set, qui délivrent une énergie punk phénoménale, évoquant celle des Beastie Boys, des Sex Pistols. C’est quelque chose d’un peu anarchique, très puissant, violent. C’est l’esprit qu’on a voulu donner à la programmation de la scène du cabaret aléatoire pour ce soir là.
crédit photos : Marsatac
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Par Tony Off