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Rue de Rome : un tramway loin d'être nommé désir

Jeudi 26/03/2009 | Posté par Mathieu Guillerot, Xavier Thierry (EJCM)

Demain, la communauté urbaine va annoncer le lancement des appels d'offre pour le nouveau tronçon de tramway, rue de Rome, entre la Canebière à Castellane. La reprise du projet un temps abandonné ne fait pas que des heureux.

Sur le cours Saint-Louis, tout est déjà prêt. Une plate-forme est aménagée pour la descente des futurs mamies pressées de faire leur commission au Monoprix. Quelques mètres de rails plongent dans la chaussée en pointant vers la colonne de la Castellane, pas celle de Zizou, celle des quartiers riches. Encore une bizarrerie marseillaise digne du tunnel trop étroit du boulevard Chave ? Eh bien non. Simplement les vestiges des faramineux projets urbanistiques de l'ex-communauté urbaine, aujourd'hui présidée par la gauche. Pendant un temps, celle-ci clamait haut et fort son amour du bus-way, solution moins onéreuse et plus simple à réaliser. Oui mais voilà, les tractations ont eu raison des promesses électorales : «D'accord pour le tramway, mais en échange, tu me donnes un poste de police au Réformés...»

Passé le cours Saint-Louis, la ballade commence. Mais première surprise : bus, vélos, livreurs et piétons jouent les funambules pour éviter l'accident. A ce niveau là, difficile d'imaginer le croisement de deux tramways. Mais que l'on se rassure, le bon sens a triomphé : il n'y aura qu'une seule voie qui fera la navette d'un bout à l'autre de la rue.

« Il n'y aura plus que des chich kebab »
Devant le magasin Tati, un camion Europcar s'arrête en double-file. Deux livreurs asiatiques déchargent des dizaines de cartons sur le trottoir. Une image habituelle pour tous les commerçants aujourd'hui. Mais demain ? Comment s'organiseront les livraisons dans une rue de Rome entièrement dédiée au tramway ? «On aurait pu imaginer de faire comme dans la rue Saint-Fé, une rue piétonne autorisée aux livraisons le matin», se désole Dovy Hagege, gérant du magasin L'univers du foot.

En avançant, on tombe sur le seul commerce de bouche de la rue, Le Sommelier, entouré de magasins de vêtements et de tissus bon marché. Ici, l'oenologue rejoint le footeux pour une troisième mi-temps, celle de l'incrédulité : «Qui a dit qu'il y aurait plus de clients avec le tramway, s'interroge la patronne Nicole Richard-Verspieren. Au contraire, les magasins vont se déprécier. Il n'y aura plus que des chich kebab et ça va devenir Main Street!»

Plus loin dans la rue, nous arrivons en face de la Poste, lieu idéal pour un futur arrêt. Problème : le précurseur Jean-Claude Decaux a déjà installé quelques tricycles bleus. Si le roi de la pédale n'accepte pas d'enlever ses bolides, les usagers du tramway risquent bien de se prendre les pieds dans les rayons en descendant.

Arrivé à la préfecture, les boutiques se font plus huppées : un second arrêt s'impose. Mais là encore, le fou furieux de la selle a frappé. L'espace public disponible devant le commissariat est obstrué par une dizaine de vélos bleus. Suspense... qui devra «circuler», selon la terminologie policière ?

En attendant, au bar situé à quelques mètres de la place Castellane, on a la solution infaillible pour résoudre ces questions d'aménagement urbain : «Tout ça c'est des conneries. Ils nous ont supprimé le tramway il y a cent ans, alors qu'ils arrêtent de se foutre de notre gueule... Maintenant, on est morts pour la durée des travaux !» Le comptoir assène sa vérité trouvée au fond du pastis. Elle est simple, implacable.

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