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Un bar pour seule maison

Samedi 28/02/2009 | Posté par Anthony Armando (EJCM)

VIDEO en +. Depuis des années, le bar La Cigale reçoit les gars de la rue. Ce bar proche du Vieux-Port leur offre un toit pour la journée. Ils forment ici une grande famille.

Il est six heures. Il fait nuit. Je suis devant le bar encore fermé. Pour me réchauffer, je glisse les mains dans mes poches. Tout est calme dans la Grand-Rue, juste derrière le Vieux-Port. La patronne arrive et lève le rideau. Elle est accompagnée d’un petit homme jovial qu’elle prend sur son chemin tous les matins. Comme nous nous présentons, il me dit s’appeler Djimi. Elle, c’est Michèle, la patronne du lieu. Elle allume les néons un à un et se place derrière le comptoir. A peine met-elle en marche la machine à café que les premiers clients arrivent. Ce sont des ouvriers des chantiers voisins qui viennent prendre leur petit déjeuner. Mais arrivent aussi d’autres personnes dont la mine trahit les jours difficiles.

Arrivé par hasard
Djimi me guide dans un coin de la salle. Il m’explique qu’il y a quelques années encore, il dormait sous les ponts. Intéressé, je veux en savoir plus. Je veux connaître l’histoire de ce bar qui ouvre ses portes à ceux qui dorment dehors.
«Je suis arrivé dans ce bar en 1991, depuis, je ne l’ai plus quitté, me lance-t-il. Je n’avais aucune attache lorsque le train m’a déposé à Saint-Charles. J’avais juste mon sac sur le dos et quelques pièces en poche. J’avais beaucoup entendu parler du Vieux-Port. J’ai demandé aux passants la route pour m’y rendre. C’est comme ça que je suis tombé sur le bar de La Cigale». Il a remonté la pente grâce à l’aide de l’ancien patron. Ce dernier est brave avec les malheureux. Alors eux, viennent ici peut-être un peu pour le remercier. «Ce lieu, c’est comme ma famille. C’est un peu ma maison», continue Djimi.

Une maison pour la journée
L’ambiance est bon enfant. On discute, on rigole et on joue aux cartes. Je m’attarde avec certains clients. «Je me plais bien ici, m’avoue Maurice. C’est comme du théâtre, comme du cinéma. Moi, je l’appelle le Bar du Théâtre. Il y a vraiment une bonne ambiance. C’est mieux que dans les autres cafés. Ici, on connaît tout le monde».

« C’est ma maison ! On est très bien reçu ! » me lance Tony, un ancien légionnaire.
Félix aussi me raconte qu’il aime venir au bar de La Cigale, «pour l’ambiance», me dit-il.
Ces sans-abris passent ici une grande partie de la journée. Le soir, ils gagnent l’accueil de nuit Saint-Jean-de-Dieu situé sur la rue Forbin, pas loin.

Comme tous les autres clients, ils paient leurs consommations. La patronne actuelle qui a racheté le bar en 2006, les considère autant que ses autres clients, des commerçants et des ouvriers qui viennent boire un café ou un demi.
Le primeur du quartier qui prend son café tous les jours n’est pas du tout gêné. «Ce sont des personnes» dit-il. Même remarque du traiteur voisin qui les aide quand il peut. Quant à la patronne du bar, elle avoue ne jamais avoir eu un seul problème de paiement. «Ce sont des gens attachants, dit-elle. Il leur manque juste un toit pour vivre».


Vidéo et texte : Anthony Armando

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Anthony Armando (EJCM) -